Films vus en 2017

La villa de Robert Guediguian avec Ariane Ascaride, Jean Pierre Daroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier ... Vu  le 19/12//2017
Une villa dont le beau balcon domine la Méditerranée, un village qui se meurt, un vieil homme qui fait une attaque et sa mort qui semble imminente fait se rassembler ses enfants, Armand (Gérard Meylan)  qui a continué au mépris de la rentabilité à faire fonctionner les restaurant à petits prix créé par leur père, Joseph (Gérard Daroussin) le cadre retraité beau parleur mais auteur raté qui est venu avec sa (très) jeune compagne Bérangère (Anaïs Demoustier) et Angèle, l'actrice sur le déclin (Ariane Ascaride) qui revient à regrets sur les lieux de la perte de sa fille noyée et qui n'a jamais pardonné à son père...On peut comprendre que ce film où il y a peu d'action et qui dégage une certaine mélancolie ne puisse plaire à tous et même ennuyer, mais on peut aussi se laisser imprégner et séduire par ce climat du temps qui passe comme l'insouciance et les utopies de la jeunesse, de la mort qui peut être voulue (le couple âgé de voisins), des rencontres et amours improbables, d'un certain passé qui s'enfuit "C'était bien mieux autrefois !!!" et la confrontation avec le présent le renouvèlement des générations et des amours et en écho à la complicité de jeunesse d'Armand, Joseph et Angèle, leurs noms renvoyés par les arches du viaduc du chemin de fer, mélés à ceux de jeunes immigrés clandestins recueillis et qui sonnent comme une forme d'espoir. Fidèle à ses acteurs fétiches, Robert Guediguian réussit à peindre avec une grande sensibilité et émotion des vies ordinaires...avec leurs amours, leurs peines, leurs soucis...Fidèle également à son engagement politique il nous pose aussi  une question : comment préserver un monde qui se meurt de ne pas avoir évolué, des puissances de l'argent ?

Au revoir là-haut d'Albert Dupontel avec Nahuel Perez Biuscayart, Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Emilie Dequenne, Niels Arestrup... Vu  le 28/11/2017
Adapté du roman éponyme de Pierre Lemaître (Prix Goncourt 2013), Au revoir là-haut, est une brillante  dénonciation en règle des profiteurs de la guerre 14-18.  Tout d'abord le capitaine (Laurent Lafitte) qui après avoir lancé une folle attaque à partir des tranchées (dont d'ailleurs la description est saisissante de même que les scènes d'attaque et d'ensevelissement sous les bombes), sera reconnu comme un héros par le gouvernement entraînant un beau mariage avec la soeur d'un de ses soldats disparu et fera fortune en montant une arnaque aux cercueils des morts de la guerre. Parallèlement un duo de soldats rescapés de son régiment, l'un petit comptable (Albert Dupontel) qui survit comme homme sandwich et l'autre dont la machoire a été emportée (Nahuel Perez Biuscayart) et qui cache son identité sous une multitude de masques qui expriment ses émotions, ce duo pour survivre va lui monter une arnaque aux monuments aux morts vendus sur dessins et jamais construits...mais ils veulent  aussi se venger du capitaine qui les a envoyés au casse-pipe sans raison. Le film est construit à partir de flash-back, pas vraiment nécessaires sauf pour justifier une fin surprenante.
Bonne mise en scène de Dupontel et il faut abolument avoir vu la galerie de masques pleine d'inventivité. Bon casting d'acteurs à noter Nahuel Perez Biuscayart dans un rôle difficile où tout doit passer pas les yeux car il ne s'exprime que par borborygmes que seule une jeune fille arrive à traduire.
Ce n'est pas un très grand film mais un bon film.

 

Récompenses : Césars 2018 - César de la meilleure réalisation - César de la meilleure adaptation - César des meilleurs décors - César de la meilleure photographie - César du meilleur costume 

Détroit de Katryn Bigelow avec John Boyega, Will Poulter... Vu  le 24/10/2017
Faut-il aller voir Détroit ?

Plonger le spectateur pendant plus de deux heures dans un climat d'émeutes raciales en 1967 à Détroit et infliger un huis clos à la limite du soutenable où se déchaîne la violence de policiers blancs envers les noirs peut rebuter mais il faut surmonter cette appréhension car la spirale de  violence sur fond de haine raciale est magistralement décrite notamment de la part de ceux qui détiennent l'autorité, en l'occurence la police qui agit en toute impunité.

Il faut aller voir le film également pour cette mise en scène exceptionnelle qui nous plonge au coeur de l'action, un grand nombre de scènes sont filmées caméra sur l'épaule au plus près des protagonistes et nous laissent scotché sur le fauteuil, pour l'habileté du scénario qui dégage peu à peu les personnages centraux, le chanteur de soul, le policier noir (John Boyega) et le policier blanc raciste (Will Poulter). Je n'ai pas vu les premiers films de Katryn Bigelow mais c'est vraiment une très grande  réalisatrice et  tous les acteurs sont excellents (avec mention spéciale pour Will Poulter qui réussit à donner un côté SS moderne à son personnage).
Enfin, le film qui décrit  le climat de guerre raciale de la fin des années 60 aux Etats Unis (Martin Luther King est assassiné en 1968) , le problème de l'intégration de population différentes et les heurts entre communautés, reste d'une actualité brûlante...2014 et 2017 émeutes aux Etats Unis suite à l'acquittement de policiers blancs ayant tués des noirs...2017 violences à Aulnay-sous-Bois où des policiers sont mis en cause... Certes ce n'est pas un film, aussi
bon qu'il soit qui fera reculer le racisme mais ce film coup de poing ne peut laisser indifférent.

ON LE RECOMMANDE FORTEMENT...  

L'école buissonnière de Nicolas Vanier avec François Cluzel, Valérie Karsenti, Eric Elmosnino, François Berléand,  Jean Scandel... Vu  le 17/10/2017
La Sologne dans les années 1930, Paul 10 ans,  un orphelin parisien va y apprendre la vie simple de la campagne et du monde de la forêt.
Nicolas Vannier adapte ici son roman initiatique, "L'école buissonnière"  et de transmission des valeurs  notamment celles du respect de la nature même si l'homme participe au cycle de la vie et de la mort par la pêche, la pose des collets, le ramassage des champignons et celles des traditions notamment celles de la chasse à courre où l'on "sert" un cerf à l'arme blanche et où l'on peut gracier celui qui vous a résisté avec courage ou celle de la rencontre avec des gens différent,  ici des gitans. Très belles images de la forêt solognaise et de ses animaux que Paul découvre avec Totoche un braconnier inventif, bourru mais profondément humain, Totoche pourchassé par Borel, le garde chasse du comte de La Fresnaye, veuf inconsolable depuis la mort de sa fille Mathilde dont la nourrice avait été Célestine Borel,  celle qui justement a recueilli Paul, le sauvant de l'orphelinat. Paul, peu à peu va cotoyer le comte notamment après sa rencontre avec un cerf exceptionnel un 18 cors dont il va lui parler et ainsi découvrir ses origines.... Heureusement qu'il y a Totoche qui a plus d'un tour dans son sac ou dans son bâteau  (François Cluzel crève l'écran), Célestine (Valérie Karsenti, superbe mère de substitution bienveillante) et le jeune Paul (Jean Scandel  remarquable pour un premier rôle) pour faire passer cette histoire un peu mièvre, il est vrai sublimée par les paysages et les photos animalières de toute beauté.

Un film à voir notamment en famille.

 

P.S : ayant lu le roman de Nicolas Vannier j'ai trouvé que par rapport à ce dernier, faire de Paul dans le film un orphelin n'apportait pas grand chose et au contraire rendait la fin du film peu crédible par rapport au fait que le père de Paul est parti travailler à l'étranger. Par ailleurs toute la partie relative à la rencontre avec la jeune gitane et les premiers émois de Paul est esquivée ainsi que l'insertion difficile de Paul à l'école du village...La description avec des mots de la forêt et des animaux notamment le grand cerf laisse plus de place à l'imagination mais les photos du film sont tellement belles....

Compte rendu du livre : https://www.j2pam.fr/livres-lus/vanier/

La passion Van Gogh de Dorota Kobiela et Hugh Welchman (un long métrage d'animation) ... Vu  le 13/10/2017
Van Gogh  fascine,  sans doute par un destin hors du commun, une production abondante concentrée dans le temps (8 ans), l'irruption des couleurs vives qui annoncent la peinture contemporaine et une fin de vie soudaine et inexpliquée... 

Redonner vie à Van Gogh en animant ses tableaux, c'est le projet étonnnant et réussi de Dorota Kobiela et Hugh Welchmann qui ont réunit des dizaines de peintres pour réaliser environ 70 000 plans peints à la main qui permettent d'animer la peinture en incrustant dans les tableaux originaux de Vincent des personnages, le tout étant animé par infographie.  Ils ont écrit aussi un scénario, à partir des lettes de Vincent à Théo,  sous forme d'enquête sur la mort de Vincent par le jeune Arnaud Roulin, fils du facteur d'Arles et ami de Vincent chargé par son père d'aller remettre une dernière lettre de Vincent à Théo. Le voyage donne lieu à multiples rencontres d'Arnaud  avec notamment le Père Tanguy, celui qui fournissait Vincent en peintures, la famille du docteur Gachet à Auvers sur Oise et la fille de l'aubergiste, Adeline Ravoux qui d'explications en explications lui font douter du suicide de Vincent qui aurait pu recevoir une balle de révolver d'un jeune garçon d'Auvers avec qui Vincent s'était disputé... Suicide, accident ou meurtre, peut-importe ce qui est étonnant c'est une certaine magie et la vie qui se dégagent des toiles de Van Gogh avec ce petit miracle qui donne suite à l'instant figé peint par Vincent...Un vrai ravissement de voir par exemple la salle de café à Arles s'animer des personnages peints par Vincent et qui montrent l'incroyable acuité de son regard.

Il faut courir voir ce chef d'oeuvre pour Van Gogh bien sûr mais aussi  pour découvrir et se laisser séduire par la technique qui donne vie aux tableaux.

 

P.S : J'avais réalisé une vidéo en 2015 sur Vincent Van Gogh à Saint Rémy de Provence que l'on peut aussi regarder avant d'aller voir le film (on peut aussi le faire après...)

Lien : https://www.youtube.com/watch?v=rUwe5O8CrEw

Le sens de la fête d'Eric Toledano et Olivier Nakache avec Jean Pierre Bacri, Gilles Lelouche, Jean Paul Rouve, Eye Aidara... Vu  le 10/10/2017
Vous souhaitez vous détendre...allez faire la fête avec Bacri et sa brigade, si on ne rit pas à gorge déployée on sourit beaucoup et on s'amuse...Max (Jean Pierre Bacri) est un organisateur de mariages clés en main chargé d'organiser celui d'un mégalo sourcilleux, Pierre, dans un château ancien où évidemment s'enclenche toute une spirale d'évenements imprévus. Max à beau s'époumonner "on se coordonne"...toute une organisation en principe bien huilée va tourner à la catastrophe et en une succession de gags et de réparties qui font mouche.

Il faut simplement se laisser porter par le film et ne pas chercher beaucoup plus loin comme une critique de la profession, ou une critique d'une société black-blanc-beur où les serveurs tamouls sont des sans papiers, ou la séquence drague gay ou bien  ces soirées de fête qui permettent des rencontres imprévisibles...mais géolocalisées...

Les acteurs sont bons à commencer par Jean Pierre Bacri mais Gilles Lelouche campe un DJ déjanté qui fait tourner les serviettes séduisant et Jean Paul Rouve un photographe qui avale plus de petits fours qu'il ne réalise de photos...

Au total un bon film de divertissement mais qui n'atteint pas les sommets d'Intouchables...

Gauguin - Voyage de Tahiti de Edouard Deluc  avec Vincent Cassel, Tuhei Adams, Pua-Taï Hikutini, Malik Zidi... Vu  le 19/09/2017
Déçu, pas vraiment, emballé, pas vraiment...Le biopic sur le premier voyage à Tahiti de Paul Gauguin de 1891 à 1893 réalisé par Edouard Deluc à partir du récit du peintre intitulé "Noa Noa"   ne répond pas aux attentes. Fuir au bout du monde à la recherche du paradis et retrouver d'une certaine façon la vie misérable qu'on a quitté c'est ce destin de Paul Gauguin qui a inspiré Edouard Deluc. C'est cette déconvenue qu'il cherche à nous fait ressentir au travers d'un Vincent Cassel à la barbe hisute qui peine à s'intégrer et à subsister sans argent comme un misérable, qui vit à crédit, attendant les hypothétiques mandats de la vente de ses toiles, aidé toutefois par un jeune médecin (Malik Zidi).  Bien sûr il y a la rencontre avec Teha'a mana (nommée Tehora dans le film  (Tuhei Adams)) une jeune fille de14 ans qui devient sa vahiné et son modèle pendant tout son séjour (Il a abandonné sa femme Mette et ses 5 enfants qui sont retrournés vivre, avant même son départ, dans sa famille à Copenhague). Le film montre d'ailleurs davantage Gauguin faisant prendre la pose à Tehora que la peinture en résultant. De la non-compréhension par Gauguin des aspirations religieuses de Tehora mais aussi d'une vie plus aisée, nait progressivement une crise de jalousie qui devient le centre du film. Même si cela correspond en partie au récit de Gauguin qui soupçonnait Tehora d'avoir un amant, cette jalousie occulte le processus créatif de Gauguin dont tout l'art va être de perfectionner l'invasion de la couleur dans ses toiles. Le film montre aussi un aspect plus méconnu de l'oeuvre de Gauguin, la sculpture sur bois ou d'ailleurs il représentera certains dieux du panthéon tahitien. Durant ce premier séjour à Tahiti d'où il se fera rapatrier en 1893 aux frais du ministère de la culture comme peintre indigent, il produira quelques uns de ses chefs d'oeuvre avant ceux du voyage ultime de 1895 à 1903 date de sa mort aux Marquises.

Il est préférable pour apprécier le film d'avoir présent à l'esprit  ses toiles pour comprendre ce que Deluc ne fait que suggèrer et ne montre en photos qu'au générique de fin.

Malgré les efforts de Deluc et de Vincent Cassel, la beauté de Tuhei Adams, les admirables paysages pourtant loin des cartes postales touristiques, le film reste lent, trop anecdotique et au premier degré pour séduire totalement.

 

Quelques toiles de Gauguin lors de ce voyage, utiles pour la vision du film

Deux femmes sur la plage - 1891 (Musée d'Orsay)

 

Vue plongeante sur ces  deux tahitiennes qui a pour effet de raccourcir les personnages et d'éliminer l'horizon.

Ces attitudes nonchalentes sont caractéristiquent de ce voyage de Gauguin, qui peint des attitudes hiératiques avec des visages peu expressifs, l'ensemble dégageant une certaine mélancolie...

La Orana Maria (Je vous salue Marie) de 1891 - New-York -Métropolitan

 

Dans le film d'Edouard Deluc on  voit longuement Tehora prendre la pose avec un enfant sur les épaules.

A gauche, un ange aux ailes jaunes indique à deux tahitiennes vétues de paréos Marie et Jésus (auréolés).
C'est le type de peinture que le clergé  local tant catholique que protestant n'a pas apprécié, en effet un Jésus tahitien est inconcevable sauf à décider que Jésus aurait visité l'océanie avant les missionnaires... Si Gauguin n'est pas religieux , il est cependant mystique et il lui plaît de mélanger dans une sorte de syncrétisme l'iconographie occidentale et sa transposition océanienne dans ces paysages luxuriants du fond qui peuvent rappeler le jardin d'Eden (le paradis !!!)...Peut-être aussi un clin d'oeil ironique à la "conversion" chrétienne des polynésiens...

Pour les critiques, les attitudes des deux adoratrices (qui remplacent les bergers) sont empruntées aux bas-reliefs du temple bouddhique de Borobudur à Java dont Gauguin avait acheté des photos.

Manao Tupapau (L'esprit des morts veille) - 1892 - Buffalo

 

Le film d'Edouard Deluc met très bien en scène ce tableau où Tehora se réveille brutalement en voyant l'esprit des morts que l'on aperçoit dans le coin gauche de la toile. Pour éloigner ces esprits (Tupapau) les tahitiens ont l'habitude de dormir avec une lampe allumée, ce que reproche d'ailleurs Tehora à Gauguin dans le film en lui disant qu'il n'y avait plus de bougies...

Le titre du tableau peut avoir une double signification "elle pense à l'esprit des morts" ou "l'esprit des morts pense à elle", interprétation en rapport  avec cet esprit encapuchonné qui tend une main comme pour saisir un être et qui est entouré de tâches blanches (phosphorescentes ?) autres Tupapau dans un fond d'un violet inquiétant qui contraste avec le monde réel symbolisé par le superbe paréo dont le jaune évoque le soleil triomphant de la nuit...
On peut aussi y voir une belle étude de nu et un hommage à la jeune beauté de Tehora.

Hina and Fatu -1892-93 - National gallery de l'Ontario.

 

Le film permet de découvrir l'attrait de Paul Gauguin pour la sculpture sur bois (Il décorera d'ailleurs de sculptures sa maison des Iles Marquises)  qui lui aurait permis d'en vivre s'il avait accepté des sujets plus commerciaux...
Dans le panthéon polynésien, Hina  c'est la lune, la féminité et la maternité, tandis que Fatu,son fils (dont le père est Ta'aora, le soleil, la virilité), personnifie le dieu de la terre. Dans 
Hina et Fatu, Gauguin a représenté ces êtres divins en bas-relief sur un cylindre sculpté dans du tamanu, un bois dur. C'est d'ailleurs en cherchant du bois de rose qu'il trouvera Tehamana dans un village.  La scène représente Ta’aora et Hina debout devant un grand rameau, c'est sur l'autre face que l'on trouve Hina et Fatu.  Fasciné par les mythes océaniens qu'il apprend de Tehamana et par les sculptures des cultures archaïques, Gauguin a créé ici une oeuvre très pénétrante et très suggestive.

Marahi metua no Tehamana ou Tehamana a beaucoup de parents de 1893 - Chicago

 

Dernier tableau réalisé par gauguin de Tehamana (ou Tehora) avant de reprendre le bateau pour la France. Elle qu'il a si souvent représenté dénudée, il l'affuble d'une chaste robe de mission (protestante)...

Il a écrit : "Je partis avec deux années de plus, rajeuni de vingt ans, plus barbare aussi et cependant plus instruit. Quand j'ai quitté le quai pour m'embarquer, Tehamana qui avait pleuré plusieurs nuits, lassée, mélancolique, s'était assise sur la pierre..." in Oviri

Il y a de cette mélancolie dans le visage de Tehamana. La frise du fond représente la galerie de ses ancètres (ou peut-être des dieux ou démons polynésiens) surmontés d'un mur avec des symboles maoris. Paul Gauguin fait ressortir la double appartenance de Tehamana, maorie et chrétienne. les mangues rouges à gauche, évoquent la descendance, une descendance que Gauguin n'aura pas avec Tehamana...

Otez-moi d'un doute de Carine Tardieu  avec Cécile de France, François Damiens, Guy Marchand, André Wilms, Alice de Lencquesaing, Esteban... Vu  le 12/09/2017
"Otez-moi d'un doute" aurait pu aussi s'appeler "Seules les mères savent qui sont les pères..." Erwan (François Damiens) la quarantaine, veuf et père d'une jeune femme enceinte (Alice de Lencquesaing) qui d'ailleurs ne veut pas connaître le père de sa fille à naître, a pour profession de déminer les plages de Bretagne et voilà que par hasard il va être conduit à déminer une bombe familiale, son père n'est pas son père biologique...Peut-être un peu facile la métaphore...Cette situation donne lieu à des recherches en paternité, à retrouvailles compliquées d'autant plus que Erwan a rencontré Anne (Cécile de France) médecin désabusé et qu'ils sont vite très attirés l'un par l'autre...Amour contratrié car Anne est la demi-soeur d'Erwan...Les deux pères d'Erwan, le nouricier, Bastien Gourmelon (Guy Marchand) et le biologique, Joseph Levkine (André Wilms) sont remarquables en vieux dont l'apparente assurance cache les blessures, peut-être très anciennes... Avec l'accouchement tout va se cristaliser, les deux pères d'Erwan se rencontrent, des tests génétiques lancés...et finalement peut-être que tout va recommencer puisque la petite fille est déclarée de père inconnu...alors que ce dernier (le remarquable chanteur comédien Esteban) est identifié mais gaffeur asocial il refuse d'assumer ses responsabilités en fuyant...

Le scénario tourne autour de la recherche des pères mais manque un peu de force, c'est un peu trop anecdotique sauf quelques moments comme la première rencontre d'Erwan et de son père biologique, Joseph, où Erwan le bourru se fait tendre pour faire remonter les souvenirs de Joseph jusqu'à une certaine nuit...

Belle photo des personnages en gros plan et de la toujours magnifique Bretagne dont la ria d'Etel et des remparts de Vannes.

Le casting est très réussi et tous les acteurs sont bons à commencer par les deux principaux, François Damiens et la lumineuse Cécile de France (mention spéciale toutefois aux deux pères Guy Marchand et André Wilms que l'on retrouve avec grand plaisir et à la cerise sur le gâteau, Esteban qui fait passer de bons moments...).
Mais au total un film très plaisant mais sans plus...

Les proies de Sofia Coppola  avec Nicole Kidmann, Kirsten Durst, Colin Farrell... Vu  le 26/08/2017 
Cette situation exceptionnelle de l'intrusion d'un soldat nordiste blessé, John (Colin Farrell) dans un monde sudiste de femmes et de jeunes filles recluses aurait pu engendrer un film tout aussi exceptionnel, il n'en est malheureusement rien.
Certes la photographie est de très grande qualité et les magnifiques premières images d'une forêt de Virginie plongent le film dans l'ambiance sombre, inquiétante et étouffante qui va prédominer. Certes la vie de ces jeunes filles dans leur pensionnat dirigé par Martha (Nicole Kidmann) aidée par Edvina (Kirsten Durst) est bien rendue, elles qui vivent comme des vestales dans leur maison à façade d'ailleurs de temple antique comme pour souligner le caractère désuet de leur formation (couture, broderie, musique...) et l'absence de tout désir charnel. Certes les réactions diverses de ces femmes face à l'homme qu'il faut soigner, nourrir, laver et auquel il faut parler sont traitées avec toute la retenue et la distance dictée par les convenances en usage ce qui n'empêche pas la naissance des pulsions  d'autant plus que le caporal est très séduisant.  Mais on assiste sans surprise à la lente exacerbation des désirs au fur et à mesure du rétablissement de John. 
Mais ce huis clos, car la guerre est à la fois proche et lointaine caractérisée par des colonnes de fumée noire à l'horizon, dans lequel se jouent les rapports dominant/dominé entre l'homme et les femmes qui conduit à l'agression sexuelle d"une pensionnaire et à la vengeance de ces femmes qui d'une certaine façon en l'amputant le castrent symboliquement, est peu convaincante. La réaction de John qui fort de son statut d"homme veut alors soumettre les femmes à son autorité et à ses désirs entraîne le complot qui le conduit à sa perte étant devenu  lui-aussi une proie.  N'ayant pas vu le film de Don Siegel avec Clint Eastwood de 1971 dont parlent tous les commentateurs je ne me lancerai pas dans une comparaison, mais c'est vrai qu'avec un titre aussi provoquant que "Les proies" on aurait souhaité moins de retenue et une atmosphère beaucoup plus vénéneuse et malsaine...moins puritaine.

Le film a reçu le prix de la mise en scène à Cannes 2017,  à vrai dire, j'ai plus apprécié personnellement la qualité de la photo que celle de la mise en scène. 

 

Dunkerque de Christopher Nolan  avec Fionn Whitehead, Mark Rylance, Tom Hardy... Vu  le 01/08/2017 

 
Certes il s'agit d'un film de guerre avec son lot de violences sur un épisode assez méconnu de la "Blitzkrieg" en mai 1940 qui a permis aux allemands d'enfoncer les armées alliées à Sedan et de les refouler sur Dunkerque empéchant une contre-attaque et acculant les soldats, environ 400 000 sur les plages, à la merci des bombardiers et chasseurs en piqué...

Christopher Nolan va entremèler ce qui se passe en trois lieux, la plage et la digue, la mer et les bateaux d'évacuation, l'air et les combats entre spitfires et stukas...Plus que de raconter ce sauvetage assez miraculeux des soldats, les anglais d'abord, par la Navy et la réquisition des bateaux de fortune, il cherche à nous plonger dans l'action où chacun cherche à sauver sa peau que ce soit sur la plage ou la digue balayées par les bombes, que ce soit dans les bateaux atteints par des torpilles et qui coulent, que ce soit sur la mer où le mazout s'enflamme ou que ce soit dans un avion touché qui a amerri et dont le cockpit refuse de s'ouvrir. Au rythme de la bande son qui tel un métronome indique le temps qui passe répond le claquement des mitrailleuses annonciatrices de mort. Cette défaite annoncée, les historiens ne s'expliquent encore pas complètement pourquoi les allemands ont temporisé devant Dunkerque, va se transformer en sauvetage réussi de l'armée britannique, l'opération Dynamo, entre le 26 mai et le 4 juin 1940. Nolan nous la fait vivre aussi au travers de héros symboliques,  le capitaine d'un petit yacht venu au secours (370 bateaux hors Navy traverseront la Manche et évacueront environ 10% des soldats), le pilote de spitfire qui combat jusqu'au bout épuisant son carburant, symbole de la résistance de la Royal Air Force, le soldat  qui échappe plusieurs fois à la mort avant de retrouver l'Angleterre et l'amiral sur la jetée qui coordonne l'évacuation et qui explique les décisions prises par Churchill et le haut commandement britannique destinées à préparer la défense de l'Angleterre et qui lui "reste à Dunkerque" pour les français, en effet si sur les 338 000 soldats qui seront évacués, il y a 123 00 français, il en reste 35 000 qui ont défendu Dunkerque permettant l'évacuation et qui seront faits prisonniers. Cet épisode marquera une rupture dans l'entente entre les Etats majors français et anglais.

Très belles prises de vues, réalisation au plus près des acteurs, combats aériens prenants,  le scénario  tient en haleine car la réalité de cette nasse où sont piégés les hommes est rendue encore plus forte par le fait qu'on aperçoit jamais un uniforme allemand, l'ennemi est hors champ et cette présence invisible (excepté les avions) est d'autant plus angoissante.

Mais, il y a un mais...à la sortie, un peu sonné par le bruit et la fureur, on peut se demander à quoi sert un tel film à part toute cette virtuosité cinématographique.

 

Récompenses 

Oscars 2018 : Meilleur montage - Meilkleur design de son - Meilleur mixage de son

Loue-moi de Coline Assous et Virginie Schwartz avec Deborah François, Alison Wheeler, Marc cBuchmann.. Vu  le 27/06/2017 

 
Film vu en avant-première. Une gentille comédie qui vous fera certainement sourire de temps en temps mais qui ne déclenche ni rire ni véritable adhésion. L'idée de départ est intéressante, Léa (Deborah François) qui n'a pas terminé ses études de droit et n'est pas avocate, contrairement à ce que croient ses parents a monté avec son amie Bertllle (Alison Wheeler) une petite entreprise où l'on peut louer leurs services, ce qui les conduit à endosser des personnalités diverses comme être ramasseuse de balles au tennis,  porteuse des achats lors de shopping, témoigner de la belle vie d'un défunt à sa famile lors d'un enterrement, mais aussi jouer la fille aimante fan de taichi-éventail et la compagne d'un homme qui n'ose pas avouer à ses parents son homosexualité, Evidemment ces personnalités diverses entraînent des cascades de mensonges vis à vis des proches dont les parents de Léa et surtout Raphaël (Marc Buchmann), un ex-petit ami perdu de vue depuis dix ans devenu faussement son beau frère...et donc des situations ambigûes censées provoquer l'hilarité. Certes on ne peut nier que le film a un certain allant, que les acteurs sont bons, que la description d'une société où l'on peut tout louer à l'instar de ce qui se passe au Japon par exemple est assez convaincante, mais...à part quelques gags ou quelques répliques l'ensemble est trop prévisible.

Les fantômes d'Ismaël d'Arnaud Desplechin avec Charlotte Gainsbourg, Marion Cotillard, Mathieu Amalric... Vu  le 06/06/2017 

 
Un conseil ne prenez pas trop de cachets pour dormir à l'instar d'Ismaël dans le film d'Arnaud Desplechin car alors tous les fantômes viennent vous assaillir et vous proposer un cocktail d'images sans queue ni tête qui se télescopent. Il y a le film d'espionnage qu'Ismaël est en train de tourner sur son frère Ivan, nommé Dédalus dans le film, étrange diplomate dans un monde peuplé d'espions...Il y a la retraite sur la plage pour écrire la fin de ce film, perturbée par le retour de sa femme Carlotta qui l'a abandonnée sans apparente raison il y a 20 ans et que Sylvie sa compagne depuis deux ans accepte d'héberger dans la maison au risque de perdre Ismaël que Carlotta souhaite reconquérir...Vous suivez...eh bien vous avez de la chance car le film est une telle succession de mises en abyme, un tel labyrinthe qu'on s'y perd et qu'on ressort avec l'impression soit d'être passé à côté d'un film potentiellement grand  (bourré de références cinématographiques  ce qui plait sans doute aux critiques cinéphiles) mais  passablement ennuyeux.

Pourtant le trio d'acteurs est bon, mention à Charlotte Gainsbourg (Sylvia)  qui est la plus convaincante par son naturel, Mathieu Amalric (Ismaël)  en fait un peu trop notamment dans ses crises de violence verbale et Marion Cotillard (Carlotta)  traverse un peu le film comme un fantôme, mais quel beau fantôme... 

Peut-être une clé par le commentaire d'un tableau de Jackson Pollock que contemple Ismaël au tracé répétitif, aléatoire et cependant derrière l'anarchie apparente une vision multiple de la femme...comme dans le film...

Rodin de Jacques Doillon avec Vincent Lindon, Izia Higelin et Séverine Caneele... Vu  le 24/05/2017 

 
Un monument des cinéastes français Jacques Doillon s'attaque à un monument de la sculpture, Auguste Rodin interprété par un monument parmi les acteurs français, Vincent Lindon, le tout aurait du aboutir à un film monumental...il n'en est malheureusement rien et le film assez long terminé, c'est plutôt  un sentiment très mitigé qui domine teinté même de déception.
Et pourtant ... le film de Doillon propose de très belles séquences inoubliables sur l'essence de la création artistique et la photo met subtilement en relief le caractère novateur de Rodin mélange de précision extrème et d'inachevé, de naturel déformé ce qu'on va appeler "l'expressionisme" et c'est une des qualités du film qui donne envie de voir et revoir ses oeuvres. Certaines scènes relatives à la statue de Balzac vont devenir cultes, celle où Rodin l'affuble de sa robe de chambre et celle où la statue terminée se dresse dans l'ether donnant toute sa stature au géniteur de la Comédie humaine. Mais il y a le reste du film avec une première partie qui confronte Rodin et Camille Claudel, jeune collaboratrice douée mais aussi amante passionnée et exclusive jusqu'à la folie et une deuxième partie qui m'a semblé plus convaincante  sur Rodin sans Camille mais avec Rose la  jolie modèle dont Rodin jeune était tombé amoureux et devenue une "matronne" (Séverine Caneele, remarquable) qui accepte de vivre toutefois dans l'ombre avec leur fils (que Rodin ne reconnaîtra jamais, une scène rapide mais dure montre Rodin interdisant à son fils de l'appeler Papa en public révélatrice de l'ego surdimensionné du sculpteur dont aucun scandale ne devait entâcher la renommée...).
Vincent Lindon joue un Rodin massif, glaiseux, grommellant dont les propos sont quelquefois étouffés par la barbe et on a du mal toutefois à penser que Rodin qui lisait Dante pour la Porte de l'enfer, qui était reconnu par le milieu artistique puisse avoir aussi peu de conversation et si peu de rapports. Izia Higelin, me semble-t'il manque de la fièvre créatrice qui devait habiter Camille.
Bref, si vous voulez aller voir ce film qui a des qualités un conseil, documentez-vous sur Rodin avant, nous avons eu la chance que la projection soit précédé d'une magistrale conférence introductive de Christian Loubet ce qui a facilité la compréhension.

 

P.S le film est sorti à l'occasion du centenaire de la mort d'Auguste Rodin dont une grande exposition se tient à Paris au Grand Palais jusqu'à la fin juillet 2017 autrement il y a le Musée Rodin.

Django d'Etienne Comar avec Reda Kateb et Cécile de France... Vu  le 10/05/2017 

 
Django c'est Django Reinhart cet inventeur du jazz manouche, une célébrité incontournable du Paris avant l'occupation allemande qui fait à Pigalle swinguer des foules conquises par son rythme et sa virtuosité. Très beau début avec les plans magnifiques des doigts de l'artiste sur la guitare, on sait que dans l'incendie de sa caravane du aux fleurs en celluloïd que vendait sa première femme il avait perdu partiellement l'usage de deux doigts...ce qui rend sa virtuosité encore plus extraordinaire. Fasciné par la musique de Duke Ellington il fonde avec Stéphane Grapelli en 1934 le "Quintette du Hot Club de France" qui va connaître une renommée internationale étonnante.

Le film est centré sur la période 1940-1945 où Django comme tant d'artistes (nombre d'écrivains, de peintres, d'acteurs de cinéma et de musiciens feront le voyage à Berlin..) est sollicité pour se rendre en Allemagne jouer devant l'élite du parti Nazi voir même le Fuhrer en personne, mais à des conditions draconiennes pour que soit tolérée cette musique de "dégénérés", solos limités dans le temps, pas de swing... Django qui vit pour sa musique, cette guerre ne le concerne pas, c'est une histoire de "gadjé" (non-Tziganes) se croit de plus protégé par sa réputation.  Mais une amie (amante) Louise de Klerk, agent double ou triple (?), le convainc de ne pas se rendre en Allemagne et de fuir en Suisse avec sa mère, Negros, et sa 2ème femme Naguine, enceinte. Ils vont arriver à Thonon où le passage vers la Suisse se révèle plus difficile que prévu, les résistants veulent bien aider Django mais pas tous les tziganes réfugiés dans un camp sur le bords du lac. C'est là qu'il va prendre conscience de la politique d'extermination des Tziganes par les Allemands...et dans une église compose un "Requiem pour mes frères Tziganes" pour orgue, orchestre et choeur...qui ne sera d'ailleurs joué qu'une seule fois à la libération, la partition ayant partiellement disparue, il a été réécrit pour les besoins du film et c'est très beau. 

Les acteurs sont tous remarquables et notamment Reda Kateb qui porte le film, Cécile de France joue Louise à la fois ambigüe et lumineuse,  la révélation c'est Bimbam Mersten, une véritable tzigane qui joue Negros la mère de Django et dégage une personnalité forte et bien sûr il y a la musique de Django qui vous emporte comme elle va même ensorceler les Allemands lors d'une fête à Thonon.
Le réalisateur Etienne Comar a voulu sans doute faire un film  un peu trop ambitieux et s'il est parti de faits rééls de la vie de Django, certains éléments sentent un peu trop la fiction et le plaidoyer notamment dans la partie relative à Thonon.

Mais c'est un beau film à la fois par l'image et le son...à voir notamment par tous les guitaristes...

 

P.S : on peut à cette occasion ré-écouter ou écouter le chef d'oeuvre "Nuages" composé par Django Reinhart en 1940 

https://www.youtube.com/watch?v=DY0FF4iR9Cw

Orpheline d'Arnaud des Pallières avec Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Jaul Lespert, Nicolas Duvauchelle, Solène Rigot, Véga Cuzytek... Vu  le 04/04/2017 

 

N'ayant pas totalement adhéré à ce film dont je reconnais toutefois qu'il a des qualités, notamment le jeu des actrices, j'emprunte le compte rendu au critique de l'Express, celui qui me paraît exprimer le mieux mon ressenti...

Quatre actrices, un même rôle. Arnaud des Pallières dresse le portait de Renée sous la forme d'une étonnante remontée dans le temps au cours de laquelle il épluche ses quatre identités. 
Que sait-on, au début, de Renée?  Qu'elle dirige une école et qu'elle attend un enfant. Rien de plus, rien de ce qui la constitue réellement, de ce qu'elle a traversé et enduré. Renée, comme tout être humain, s'est construite au fil des années, elle est multiple, elle n'est pas la même à 27 ans, à 20, 13 ou 6 ans. D'où cette idée d'Arnaud des Pallières: un portrait en forme de poupée russe, une étonnante remontée dans le temps au cours de laquelle il épluche ses quatre identités. Le réalisateur a poussé le concept jusqu'à changer son prénom à chaque fois, et a confié le rôle à quatre actrices très différentes, toutes formidables (Adèle Haenel, Adèle Exarchopolos, Solène Rigot et Vega Cuzytek). .  Une idée audacieuse, oui mais. Car il y a un gros mais. Les segments ne se valent pas tous. Ceux de 20 et 13 ans frôlent même le grotesque. L'héroïne ne fait que dégrafer son soutif et ouvrir des braguettes, elle s'offre aux hommes, généreusement, en quête d'amour absolu. Pathétique image de la femme.  

Quand à l'aspect polar (à 20 ans) (une arnaque au PMU), il ne présente aucun intérêt. La partie enfance, en revanche, est poignante, d'une noirceur tragique malgré ce soleil aveuglant. Elle permet de mieux cerner la future Renée. Et précède un final d'une beauté sacrificielle à donner des frissons. On aurait tant voulu que le film, défi stimulant, dégage cette intensité tout du long. "

Une vie ailleurs d'Olivier Peyon avec Isabelle Carré, Ramzy Bedia, Dylan  Cortés... Vu  le 28/03/2017 

 

Il y a des films qu'on aimerai raconter avec tous les détails, mais ce serai trop déflorer le sujet...Il y des films qui paraissent évoquer simplement une histoire assez banale mais les questions et interrogations surgissent dès la sortie du cinéma... 
Un enfant a été enlevé en France par son père et au bout de 4 ans sa mère Sylvie (Isabelle Carré) réussit à le localiser en Uruguay. Prète à tout pour le récupérer elle engage Mehdi (Ramsy Bedia) un assistant social qui inspire confiance et qui parle espagnol pour aborder Felipe (Dylan Cortés) et le lui ramener.
Mais dès la rencontre entre Mehdi et Felipe le courant passe entre eux ainsi qu'avec Maria la jeune et pétulante belle soeur de Sylvie qui élève Felipe comme son fils (jouée par une actrice argentine Maria Duplàa).Le scénario imaginé par Sylvie tombe en miettes et la voici confrontée aux questions que murée dans ses certitudes elle ne voulait pas se poser.Qui est la vraie mère, la mère biologique ou la femme qui élève l'enfant ? Quand un enfant a refait une vie parfaitement heureuse ailleurs, même s'il se pose des questions sur sa filiation a-t'on le droit de le déraciner brutalement ? Est-on propriétaire de son enfant ?
Sylvie va passer de l'espoir qui la motive au désespoir, des certitudes à la crise quand elle se rend compte que la voix du sang ne parle pas, d'une attitude trop brutale à l'égard de Felipe à une maladroiite empathie. 

Isabelle Carré est une actrice que j'apprécie capable de passer de rôles d'ingénues à ceux de femme engagées, ici elle arpente le sol urugayen avec une certaine énergie, Ramsy Bedia, plus connu comme comique, campe un Mehdi inattendu, plein de sensibilité et très à l'aise avec les enfants..dont Felipe, Dylan Cortés est un jeune acteur avec déjà un bagage impressionnant. Le réalisateur n'a pas cherché à faire un plaidoyer au travers de cette situation attachante qui doit se produire assez souvent et nous fait découvrir un village urugayen qui fleure bon la joie de vivre....
Un film à voir.

Lion de Garth Davis avec Sunny Pawar, Dev Patel, Rooney Mara, Nicole Kidman... Vu  le 14/03/2017 

 

Inspiré d'une histoire vraie Lion peut se voir comme un hommage aux 80 000 enfants indiens qui disparaissent chaque année et qui n'auront pas cette chance inouîe de retrouver leur famille après des années de séparation.
L'histoire du film est linéaire et en fait toute simple, Saroo jeune indien de 5 ans vit avec sa mère, son frère et sa soeur dans un petit village en Inde, la mère gagne sa vie en ramassant des pierres et les enfants en trouvanrt de la nourriture sous les banquettes des trains. Une nuit  Saroo ne retrouvant plus son frère dans une gare, monte dans un train qui va sans s'arrêter le conduire à Calcutta à 1600 km de chez lui où il débarque incapable de se faire comprendre car il parle le dialecte de son village et va errer pendant de longs mois..

Choc de la métropole, difficulté des enfants à survivre dans une situation dangeureuse de pauvreté où tous les détritus sont une aubaine comme cette cuillère que trouve Saroo et qui paradoxalement va le sauver en le conduisant à un orphelinat, certes sordide, mais où où une association va lui trouver une famille d'accueil... en Australie
Nouveau voyage, découverte d'une nouvelle mère et d'un nouveau père, adaptation à un monde nouveau...20 ans se passent et Saroo adulte va brutalement être submergé par le besoin de retrouver ses origines, peut-être parce qu'il fréquente une jeune fille et que des amis indiens lui indiquent comment utiliser Google Earth. Après de longues recherches il retrouve l'image virtuelle de son village et fait alors le voyage en sens inverse... . 

Personnellement j'ai beaucoup apprécié la première partie portée par un jeune acteur, Sunny Pawar, juste, émouvant, malin dont la joie de vivre même dans la pauvreté se retrouve confrontée à la vie cauchemardesque d'un enfant isolé dans une ville dangereuse, impitoyable et indifférente au sort d'un jeune enfant...il y en a tant...

L'arrivée en Tasmanie chez les parents adoptifs (Sue et John Brierley, respectivement Nicole Kidman et David Wendham) montre également toutes  les difficultés de l'adoption.

La partie consacrée à Saroo adulte (Dev Patel) devenu un jeune australien brillant qui se penche sur son identité parait un peu plus fade malgré l'idylle avec la belle Lucy (Rooney Mara).
Mais l'émotion surgit lorsque Saroo est de retour dans son village et restez jusqu'à la fin pour comprendre le titre du film...

 

Un très bon film...

 

 

 

Patients de Grand Corps malade et Mehdi Idir avec Pablo Pauly, Soufiane Guerab, Nailia Harzoune, Yannick Reinier... Vu  le 07/03/2017 

Patients mais aussi patience et impatience, résignation et persévérance voilà quelques termes qui définissent le parcours de Ben (Pablo Pauly)  en Centre de rééducation fonctionnelle après un accident de plongeon dans une piscine peu remplie qui l'a laisé presque tétraplégique. Ne manquez pas le début où l'on suit à travers ses yeux son arrivée à l'hôpital avant son transfert au centre, si ce type d'image n'est pas fondamentalement nouveau c'est ici une réussite qui donne l'esprit du film,  Ben ne peut plus envisager la vie sous le même angle, tout est chamboulé.
Le film aurait pu être larmoyant et s'apitoyer sur le sort de Ben, il n'en est rien et au contraire c'est une formidable ode à la vie, à l'espoir, petit progrès après petit progrès, pour d'abord pouvoir se mouvoir en fauteuil avant d'essayer de se mettre en position verticale. Là aussi le montage du film est captivant en une succession de plans enchaînés qui donnent le ryrhme de la lenteur des progrès. Paradoxalement c'est Farid (Soufiane Guerab) en fauteuil depuis l'âge de 4 ans qui est le maillon fort de la petite équipe de tétraplégiques du Centre, s'il n'est pas le premier à lancer des vannes sur sa condition d'handicapé, (un humour qui nous fait sourire et même rire)  c'est celui qui s'efforce de leur faire prendre conscience d'accepter leur condition  même si pour certains il y a des moments de révolte conduisant pesque au suicide...Une magnifique scène des fauteuils s'enfonçant de nuit dans la forêt en transgression des règles montre la complicité et même l'amitié qui nait entre ces handicapés pourtant d'horizons différents mais que leur état rassemble ...de même l'idylle naissante entre Ben et la belle Samia ( Nailia Harzoune) montre qu'on peut être handicapé et avoir une vie sentimentale.

On y trouvera aussi une description du rôle difficile des soignants, ceux qui font surmonter les échecs comme le kiné (Yannick Reinier, excellent)  , ceux qui doivent informer sur l'état du patient " Ben, tu ne joueras plus jamais au basket..." mais aussi l'aide soignant qui se réfugie dans l'anonymat "Comment il va aujourd'hui" et la gentillesse exacerbée "Il a de la chance, il a une chambre avec trois volets  et Il y a du soleil aujourd'hui" pour éviter de s'attacher aux patients.

C'est remarquablement interprété, tous les acteurs sont étonnants de vérité notamment Pablo Pauly, c'est aussi aussi filmé avec une grande justesse. Les quelques passages de Slam de Grand Corps malade apportent également une note d'une poésie de violence contenue.

 

Le film est librement adapté du livre "Patients" de Fabien Marsaud (Grand Corps malade) paru en 2014 qui relate son séjour d'un an dans un Centre de rééducation après son accident.

Un film qu'on recommande.

Silence de Martin Scorsese avec Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson, Tadanobu Asano, Issei Ogata...  Vu en VOST le 21/02/2017 

Voila un film dont il est difficile de faire un compte rendu notamment par son sujet qui renvoie à toutes les persécutions liées aux religions et donc bien que se passant au XVIIème siècle d'une grande actualité.
Face à la torture et à la mort faut-il suivre la voie du martyre ou apostasier, c'est à dire renier sa foi publiquement tout en la gardant au fond de l'intime ?

Deux jeunes jésuites portuguais, les pères Rodrigues (Andrew Garfield) et Garupe (Adam Driver) sont envoyés au Japon au XVIIème siècle sur les traces de leur mentor le père Feirera (Liam Neeson) qui semble s'être converti au boudhisme alors que la communauté catholique est confrontée aux persécutions et massacres ordonnés par le grand inquisiteur japonais, le catholicisme étant considéré comme antagoniste aux valeurs de la société boudhique traditionnelle et  devant donc être combattu et éradiqué. Scorsese pose donc le problème de la tolérance, de l'acceptation de croyances différentes mais aussi de la légitimité d'une religion à faire du prosélytisme.  La recherche de Feirera par les deux jésuites est aussi une quête intérieure, une interrogation sur le "silence" de Dieu qui les fait assister impuissants aux persécutions des communautés chrétiennes qui subsistent. Le destin du père Rodrigues qui se prend par moments pour le Christ, trahi par son Judas local, leur guide et traducteur,  est-il de subir le martyre la tête en bas plongée dans une fosse ou d'apostasier ?

Des dialogues de Rodrigues avec l'inquisiteur japonais et Feirera retrouvé, il en ressort une interrogation fondamentale sur la foi, les chrétiens japonais meurent t'ils pour leur foi ou pour leur prètre et Dieu est-il présent malgré son silence ? 

Voila un film difficile, long mais d'une grande beauté plastique qu'on peut recommander à tous, croyants comme  incroyants, on en ressort avec une interrogation sur la foi, nos convictions intimes.

La La Land de Damien Chazelle avec Emma Stone, Ryan Gosling…  Vu le 31/01/2017 

Vous aimez le charme désuet des comédies musicales des années 1950-1960, Chantons sous la pluie ou même Les parapluies de Cherbourg, vous aimez le jazz et l'ambiance des cabarets de Los Angeles, alors le film est fait pour vous et il faut aller le voir.

Les images sont somptueuses, la bande son remarquable (due à Justin Hurwitz, ami de Damien Chazelle) et la ritournelle du thème central continue à résonner longtemps après la fin.  La mise en scène est dynamique à l'image du début du film où un gigantesque embouteillage est transformé en piste de danse mais sait aussi être romantique à l'image de cette valse dans les étoiles qui emporte Mia (Emma Stone) et Sebastian (Ryan Gosling) et qu'on souhaiterait voir se prolonger... La La Land est une expression qui désigne à Los Angeles Hollywood, qu'arpente désespérément de casting en casting la jeune Mia qui veut devenir actrice pendant que Sebastian fou de jazz fait le cacheton dans les bars en rêvant d'ouvrir le sien qui serait entièrement consacré au jazz de Cole Parker et Sidney Bechett. Bien sûr Mia et Sebastian se rencontrent, vont s'aimer et .la chance va  tourner en acceptant toutefois de transgresser leurs rêves initiaux.  Leur succès dans le show-biz et c'est le thème central du film, se révèle toutefois incompatible avec une vie de couple  ..
Certes Emma Stone et Ryan Gosling ne font pas oublier comme danseurs  Gene Kelly et Cyd Charisse ou même Fred Astaire et Ginger Rogers mais ils ont tous les deux une grande présence et le visage d'Emma Stone est très expressif jusque dans l'émouvante scène finale.

Toutes ces qualités font un grand film que l'on prend grand plaisir à voir, ce n'est toutefois pas le film du siècle que les médias nous annoncent à coup de superlatifs...mais par ces temps de grisaille c'est agréable de se laisser emporter par la musique, la danse et le retour aux années 50-60 un passé nostalgique dont on a oublié toutes les difficultés pour ne retenir qu'une certaine joie de vivre et insouciance...L'art de Damien Chazelle étant aussi de réussir à mêler avec bonheur les années 50 avec le contemporain comme le premier baiser interrompu par une sonnerie de portable... ou le jazz remixé avec les instruments et les claviers numériques..

Ne faisons pas la fine bouche, c'est à voir....

 

Il a déjà tes yeux de Lucien Jean-Baptiste avec Aïssa Maïga, Vincent Elbaz, Lucien Jean-Baptiste, Zabou Breitman …  Vu le 24/01/2017 

Inverser les codes pour faire réfléchir entre les sourires et les rires, c'est le propos de Lucien Jean-Baptiste.
Pourquoi acceptons-nous aussi facilement qu'un couple de race blanche adopte un enfant noir alors que l'inverse pose tant de questions et de problèmes ? Les préjugés !!!
Paul (Lucien Jean-Baptiste) et Sali (Aïssa Maïga) sont mariés mais n'ont pas d'enfant, ils décident alors d'adopter et l'agence leur propose un enfant, Benjamin, adorable bambin de 6 mois mais blanc....surpris (on le serait à moins), ils décident cependant de l'adopter contre l'avis de l'assistante sociale chargée de ce dossier (Zabou Breitman).

Bien sûr cette adoption est un choc de culture notamment pour la famille de Sali, incompréhension et rejet par la mère et le père au nom des traditions mais aussi surprise de ceux qui côtoient Sali (et ont beaucoup de mal à accepter qu'elle soit la mère de Benjamin).
L'assistante sociale, Claire, venant voir souvent Benjamin pour faire son rapport d'adoption, Paul se fait alors aider par son ami Manu (Vincent Elbaz), un homme un peu déjanté pour retaper la maison, son attitude vis à vis de Claire et les mensonges concernant les parents de Sali  entraînent des conclusions peu favorables pour l'adoption définitive.  
S'en suivent  de nombreuses péripéties pour que Benjamin trouve une famille unie...Quoique les difficultés s'annoncent ?

Acteurs convaincants dont Aïssa Maïga, superbe, mise en scène souvent prévisible mais avec un dynamisme qui sous-tend l'intérêt jusqu'à la fin.

Une comédie sur le "Vivre ensemble malgré les différences"  que l'on recommande.

Fais de beaux rêves de Marco Bellocchio avec Valerio Mastandrea, Berenice Bejo, Emmanuelle Devos …  Vu le 10/01/2017 en VO

On ne peut nier que Marco Bellochio soit un bon cinéaste et qu'il sache réaliser des films prenants alors on s'en veux de trouver ce dernier opus un peu trop long dans cette introspection de l'âme humaine où les profondes blessures de l'enfance ne sont jamais guéries.
Massimo doit vider l'appartement de son père après son décès ce qui fait remonter des souvenirs et notamment ressurgir la mort brutale de sa mère à laquelle il était profondément attaché alors qu'il avait 9 ans. Les explications qui lui avaient été données alors tant à caractère religieux (elle est au ciel)  que médicales (elle a été victime d'un infarctus froudroyant) ne l'ont jamais satisfait et en on fait un adolescent, puis un homme rebelle incapable d'aimer et de surpasser cette disparition.

Il faudra une forte crise d'angoisse et la rencontre avec une femme médecin puis la révélation de ce qui est réellement arrivé à sa mère pour que naisse l'espoir d'une nouvelle vie où la blessure sera surmontée et l'aura libéré.

C'est très bien joué, la construction en flash back est bien menée, certaines scènes sont intéressantes comme celle de la complicité entre la mère et le fils notamment lors d'une danse ou une partie de cache cache, ou avec le père lors d'une rencontre de foot dans un stade chauffé à blanc d'autres sont révélatrices de la fausseté du monde des médias avec le trucage d'une photo de guerre à Sarajevo ou le courrier des lecteurs...mais on reste un peu trop sur le bord..

Les critique dithyrambiques de Télérama ou du Monde montrent qu'une approche très intellectualisée du film l'emporte sur le divertissement...en tout cas je ne sais si le film a trouvé un public...nous étions deux dans la salle !!!