Films vus en 2021

Peu de films vus à cause de la pandémie cette année et d'une distribution de films nouveaux  assez décevante qui ne nous poussait guère à aller au cinéma.

Mourir peut attendre

Mourir peut attendre de Cary Joji Fukunaga avec Daniel Craig, Rami Malek, Léa Seydoux, Naomie Harris, Ana de Armas...Vu le 12/10/2021 

Pour le dernier James Bond de Daniel Craig on est loin de la réussite totale malgré des scènes inoubliables comme celle du début en Norvège ou les courses de voitures toujours spectaculaires notamment celle dans les ruelles du village de Matera (splendide) en Italie ou la scène dans un hôtel et des rues à Cuba avec une Ana de Armas superbe et sexy en agent de la CIA. 

On rencontre un James Bond vieilli et amoureux d'une certaine Madeleine (Léa Seydoux convaincante), mais le sauvetage de l'humanité menacée par un successeur de Blofeld, Safin  qui a dérobé une arme secrète biologique développée en secret par M. et les services secrets britanniques avec la collaboration d'un scientifique russe qui se donne au plus offrant est assez décevant et Bond est transformé en tueur avec peu de cet humour qui faisait le charme des 007.
Est-ce que les scénaristes ont voulu mettre fin à une saga qui a commencé en 1962 ?

La réalisation manie le spectaculaire comme le plus souvent mais sans cette âme qui faisait passer la violence, les interprètes sont bons même si Rami Malek en Safin celui qui se rêve un nouveau maître de l'humanité dont il cherche à anéantir une grande part ciblée génétiquement par cette nouvelle arme a un rôle assez creux et peu convaincant.
Allez, adieu James Bond, dommage de partir sur un film qui ne restera pas dans les mémoires.

 

Nomadland

Nomadland de Chloé Zaoh avec Frances McDormand, David Strathairn...Vu le 15/06/2021 

N'ayant pas le temps de faire un compte rendu j'emprunte celui proposé par Rolex53 ·du Nomadland est un très beau film, sincère dans chacune de ces constructions dramatiques, un art de la narration que Chloé Zhao, la Réalisatrice nous propose à travers le voyage d'une femme, au visage marqué par des yeux absent d'une vie qui s'en est allée, dans un hiver d'une profonde douleur, le personnage de Fern, magnifiquement interprété par Frances McDormand, dans toutes ses nuances de pierre, empreint d'une mémoire au destin confisquer, toucher d'un sentiment triste, et froid, mais aussi chaleureux, que l'on découvre à ses côtés, lorsqu'elle traverse cette maison vide, victime de la cupidité et de la barbarie de ces entreprises, un EMPIRE qui s'effondre, à l'image de ce Van pour seul horizon, comme un rien qui vous prend tous, la vision sombre d'une crise économique, que l'Amérique propose bien souvent à tous ces travailleurs, quand le présent devient fragile, et qu'il laisse place au silence d'une ville, devenu ce desert sans relief ni printemps, un déclassement dans ce spectacle de ruine, qui la pousse à partir pour un soleil qui ne l'attend pas vraiment, mais qui lui permet de découvrir qu'elle n'est peut-être pas seule dans cet espace infini, y voir aussi tous ces petits papillons de nuit, perdu parmi ces poussieres d'étoiles, cherchant désespérement le chemin qui va colorer le ciel, une solidarité dans le regard de chacun, pour un peu de lumière, quitter le temps d'un instant l'obscurité d'une vie de Nomade, un Monde qui les oublie, sans pourtant jamais perdre espoir, chercher à faire l'aumône, ce refus d'assistance, des gens robustes, qui malgré les blessures du corps, épuisé par le vent qui souffle sans destination, au gré des saisons, errant sur les routes de sa nostalgie aux images lointaines, des larmes qui coulent, égaré par ces matins blancs qui se méfis de l'autre, une solitude qui se nourrit de la nuit de ces villes, un moment de chaleur, le partage d'un coucher de soleil, qui offre un sourir, la possibilité de vivre riche, d'un pays plein de Liberté, aux étendus immense, la formulation d'un imaginaire plus humain, mais qui reste toujours pauvre d'un système qui les abandonnent, hors des villes, par un Etat et ses grandes Firmes, dans un certain conservatisme, une impulsion presque heroïque a montré cette femme, ses hommes, comme une représentation des Vrais Américains.

Ce sont des souvenirs qu'elle ne peut plus trahir, elle construit son chemin à travers ses pensées, fidèle à son histoire, des arrêts plein de rencontres qu'elle ajoute à sa traversée, pour une maison qui lui tend la main, et qui ouvre aux émotions, celle de l'amour, mais qu'elle refuse de réécrire, elle qui veut rester libre, en marge d'une Société, traversant tous ces paysages, ces grands Entrepôts, AMAZON, d'une telle puissance, lui rappelant que son existence est précaire, un lieu de travail et d'épanouissement, une communauté qui s'entrelace dans la Joie et la Bonne humeur, qui fait vivre toute cette main d'oeuvre docile, ces familles qui ne demande rien, juste à travailler, des sans-abris sans réelle destinée, une brutalité qu'elle choisit de fuir, afin de pouvoir contempler cette jolie NATURE, qui illumine ces rêves, maintenant que son toit devient si Beau, si vaste, des territoires à perte de vue, qu'elle peut ressentir, toucher, quelque chose de plus grand qu'elle, qui n'opprime pas, face aux attentes insignifiantes du Travail.

Un Film qui depeint le parcours de Fern, de même que le réalisme social de l'Amérique, la Politique de ce pays, les differents jugement de valeur sur la pauvreté, ce Mythe Américain qui pousse tous ces braves gens à devenir des Nomadland, qui ne se résume plus seulement à une lutte qu'il faut surmonter, mais plutôt une continuation dans une longue tradition Américaine, devenus le symptôme systémique d'un échec général, une voie vers un difficile avenir pour certains d'entre eux, sans autre choix malheureusement, ou bien l'itineraire qu'ils ont choisi de construire, une nouvelle philosophie de vie, à la fois triste et belle.

 

The Father

The Father de Florian Zeller avec Olivia Colman, Anthony Hopkins, Mark Gatiss...Vu le 08/06/2021 

 

N'ayant pas le temps de faire un compte rendu j'emprunte celui-ci à Sergent Pepper en mai 2021 dans Sens critique.

Un vieil homme, sa fille, son compagnon. Un appartement, le temps qui fait son œuvre, la mémoire qui flanche, la présence qui devient un fardeau. Unité de lieu, personnages réduits, motif prétexte à des échanges relevant du bilan de vie et de comptes à régler : dans The Father, rien ne gomme l’origine théâtrale du récit, et l’on peut légitimement craindre de voir simplement transposer à l’écran ce qui se rivait au cadre strict des planches.

C’est pourtant sur une écriture très visuelle que va se jouer l’essentiel de cette intime tragédie. Rivé au point de vue du père, l’action subit dans un premier temps un renversement qui laisse présager d’un grain de sable, sans qu’on sache à qui attribuer la manipulation. Le travail sur le rythme y est pour beaucoup : le temps, d’une certaine façon va se raccourcir dans les failles et les confusions, à l’image de toute la narration qui va agréger les processus de délitement : de l’espace (un appartement qui se confond avec un autre, des lieux qui se vident, une surface qui se rétrécit sur une seule chambre), de la chronologie, des identités, des informations. L’image elle-même prendra en charge cette progression : d’abord d’une netteté brillante presque inquiétante (on pense souvent à l’image immaculée de Lánthimos), elle se dissocie progressivement pour jouer d’une profondeur de champ moins accessible, allongeant les focales dans des jeux de bascules de point qui isolent le protagoniste et restreignent son champ de connaissance.Le spectre d’Alzheimer contamine ainsi tout le tableau de famille, dans une logique qui relève dans un premier temps du thriller. La longue attention portée à l’incompréhension du vieil homme, ses tentatives de relier les informations, voire de les remettre dans l’ordre poussent le spectateur à épouser sa logique défaillante. Le principe de confiance étant perdu, tout devient suspect, et chaque plan sur un corridor, chaque réplique d’un interlocuteur peut devenir matière à soupçon...

La narration se resserre autour de motifs obsédants (un poulet, un voyage à Paris, Lucy, l’horaire, et, bien entendu, cette montre on ne peut plus symbolique sur un temps qui se dérègle tout en se répétant) et pourrait virer au misérabilisme anxiogène. S’il n’en est rien, c’est tout d’abord grâce la partition exceptionnelle d’Anthony Hopkins, qui sait autant dévoiler la hargne que la vulnérabilité, et, lors d’une séquence marquante, sa capacité de séduction par une vigueur et une malice percutantes.

Mais c’est aussi par l’attention portée au désarroi de ceux qui l’entourent. The Father, c’est aussi une fille, sa vie entravée et le dilemme entre un amour qui relève du devoir opposé à celui qui pourrait l’épanouir. C’est l’apprentissage d’un deuil qui ne passe pas, et qui laisse entrevoir une autre mort à venir, de plus en plus palpable.

Toute la savante construction de cet étouffant huis-clos n’occulte jamais le véritable propos, qui se déploie à mesure que se resserre le piège autour de la victime. Le terrible retour à l’enfance désactive tout ce qui pouvait, au départ, relever du thriller : le désarroi et l’impuissance relèvent d’une empathie poignante pour le passager de cette odyssée vers la perte, et ceux qui le voient s’éloigner du rivage.

Adieu les cons

Adieu les cons d'Albert Dupontel avec Virginie Efira, Albert Dupontel et Nicolas Marié...Vu le 25/05/2021 

Lorsque Suze Trappet (Virginie Efira), coiffeuse, apprend à quarante-trois ans qu’elle est atteinte d'un cancer lié à son activité professionnelle,  elle décide alors de partir à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée par ses parents d’abandonner quand elle avait quinze ans. Sa quête administrative va lui faire croiser JB, (Albert Dupontel) quinquagénaire informaticien qui veut se suicider car on veut le remplacer à son poste par un jeune et M. Blin (Nicolas Marié), un archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. À eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.
Les avis sur ce film sont divergents, beaucoup sont très critiques car ils estiment que le film tourne à vide  mais personnellement j'ai aimé l'humour complètement décalé et j'ai ri et beaucoup souri sans me poser des questions métaphysiques sur ce que veut signifier Dupontel, car évidemment les critiques dans l'air du temps, police, bureaucratie, excès du numérique...sont assez grossières. Il faut le prendre pour ce qu'il est, ce film est un bon divertissement et la direction d'acteurs est rafraichissante même si l'ensemble n'emporte pas une adhésion totale.