Joël Dicker reprend les ingrédients qui ont fait le succès considérable de son ouvrage "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" et d'ailleurs les références à cet ouvrage vont être
nombreuses dans le roman, il n'est pas nécessaire de l'avoir lu mais c'est certain que l'on comprend certainement mieux les personnages principaux en l'ayant fait.
Qu''est ce qui séduit dans cet ouvrage ?
- il s'agit d'un Cold case, une jeune fille, Alaska Sanders, reine de beauté, est retrouvée morte au bord d'un lac en 1999, l'enquête rapidement menée compte tenu de l'émotion des habitants conduit à l'incarcération du petit ami Walter Carrey mais 11 ans plus tard en 2010 une lettre anonyme reçue par le sergent Perry Gahalowood qui avait participé à l'enquête avec son collègue Vance vient remettre en cause les conclusions d'alors. Perry Gahalowood va alors charger son ami l'écrivain Marcus Goldman qui avait contribué à résoudre l'affaire Harry Quebert avec lui d'enquêter de façon officieuse, au cours d'une tournée de dédicaces de son ouvrage justement consacré à l'affaire Harry Quebert qui l'a rendu célèbre pour trouver des éléments permettant de rouvrir l'enquête. On va donc avoir de chapitre en chapitre un aller-retour sur les éléments de 1999 et l'enquête de 2010 ce qui pourrait engendrer de la confusion mai est mené de main de maître par Joël Dicker qui ainsi distille les éléments de pistes et fausse pistes qui vont s'accumuler jusqu'au dénouement final.
- l'art de Joêl Dicker c'est aussi de parler avec une grande habileté des sentiments humains et il y a un fil rouge à travers tout le roman qui évoque l'amitié celle qui existe malgré tout ce qui les sépare entre Perry Gahalowwod et Marcus, ou celle tout à fait exceptionnelle qui fait que Marcus recherche activement son mentor Harry Quebert pendant tout le roman. En contre-point nous avons les sentiments bas, jalousie, amours toxiques, certitudes mal placées et la description des ces petites villes des Etats Unis où tout se sait et tout se cache.
L'art de Joël Dicker c'est aussi cette composition en abyme où c'est un écrivain qui mène l'enquête dont les éléments servent de base comme pour l'affaire Hayy Quebert doit donner lieu à un ouvrage que lui réclame instamment son éditeur.
- C'est petit à petit que les secrets des uns et des autres vont se révéler, drogue, pédophilie, recel, saphisme, multipliant les fausses pistes sur le véritable responsable de ce crime presque parfait où l'assassin a fait porter le chapeau à un autre et l'intrigue évolue sur deux espaces -temps 1999 et 2010 avec des réminiscences de 2008 sur l'affaire Quebert.
C'est un superbe scénario conté avec une précision horlogère hélvétique et au rythme haletant surtout dans la dernière partie, bref un très bon thriller mais qui a de
l'épaisseur
Pour terminer Joël Dicker s'est lancé dans l'édition car son précédent éditeur Bernard de Fallois est décédé.
Peut-être qu'on attend trop d'un auteur qui vous a séduit aussi "La disparition de Stéphanie Mailer" ne m'a pas paru à la hauteur des espérances que suscitent un nouvel opus ou même des 100 premières pages qui dressent le contexte de cette disparition en relation avec un quadruple meurtre survenu 20 ans plus tôt. Dès que surgit "La nuit noire" cette pièce de théâtre censée révéler le meurtrier, le livre va devenir pesant, peu intéressant, il faut même se forcer pour continuer jusqu'aux 100 dernières pages où à nouveau on va retrouver l'envie de connaître le dénouement.
L'argument est simple, Stéphanie Mailer jeune et talentueuse journaliste est recrutée en 2014 pour enquêter sur un quadruple meurtre commis en 1994 à Orphea visant le maire, sa femme et son
fils ainsi qu'une joggeuse au cours du premier festival de théâtre de la ville. La police alors identifie un coupable, Ted Tennenbaum, qui meurt à la suite d'une course
poursuite avec les policiers. Or pour Stéphanie, Ted n'était pas coupable. Sa disparition incite donc les policiers de l'époque Jesse Rosenberg et Dereck Scott a reprendre l'enquête.. qui
en effet va leur réveler qu'à Orphea il se passait des évènements peu reluisants dont ils n'avaient pas eu connaissance en 1994. Or une grande partie des protagonistes de l'époque se
retrouve pour jouer dans "La nuit noire" au 20ème festival de théâtre d'Orphea et les meurtres s'accumulent laissant penser qu'effectivement Ted Tennenbaum ne pouvait être le meurtrier et que ce
dernier de peur d'être découvert élimine ceux qui peuvent détenir une part de la vérité.
Qu'a voulu Joël Dicker ? Si c'est un thriller, on trouve 10 fois plus passionnant et plus prenant sur ce même sujet d'évènements liés survenus à plusieurs années d'intervalle.
Si c'est une parodie de thriller, mettant en scène des auteurs, des journalistes et des critiques qui sont davantage soucieux de leur renommée que de la qualité de leurs écrits c'est assez
médiocre par rapport à Harry Quebert écrivant son "Best seller".
Dans Le
Livre des Baltimore, Joël Dicker reprend le héros
de Harry
Quebert, le romancier Marcus Goldman, de nouveau en panne
d'inspiration. Cette fois, c'est sa famille qui va la lui fournir. Plus exactement, ses cousins dits « les Goldman-de-Baltimore », branche riche de sa parentèle avec Oncle Saul et tante Anita
opposée à celle, bien moins prospère, dont lui, Marcus, est issu, à savoir « les Goldman-de-Montclair ». «
Les Baltimore étaient des servis, nous étions des servants », résume Marcus.
Lui, Marcus, fit partie, lorsqu'ils étaient adolescents du "gang des Goldmann", avec son cousin Hillel, le surdoué, mais aussi , Woody, l'enfant abandonné, intégré à la famille des
Baltimore grace à Hillel et devenu un excellent footballer américain au destin professionnel tout traçé et également Alexandra Neville, celle qui est aimée des trois et qui
au mépris du pacte du gang qui interdisait de la courtiser va choisir Marcus et l'aimer en secret.
Mais survient "le Drame", que Dicker d'ailleurs écrit avec un grand D et Marcus nous entraîne à sa suite à essayer de comprendre comment s'enclenche la chûte des Goldmann de
Baltimore.
Que s'est-il donc passé ? Telle est la question...
Le romancier ne joue pourtant pas ici la carte du thriller aussi ouvertement que dans son précédent roman mais reste un habile écrivain, sachant ménager ses effets, soutenir l'intérêt et
s'appuyant sur quelques solides clichés (les riches ne sont pas si gentils, l'enfance est pleine d'illusions et la jalousie est un vilain
défaut...)...C'est quand même assez lent même si la saga familiale révèle son lot de surprises qui tient en
haleine et qu'on se laisse
prendre au jeu des rapports entre les membres du "gang des Goldmann".
"...je ferme les yeux et je les sens vivre en moi. Mon oncle Saul, de mémoire bénie, Tout est effacé - Ma tante Anita, de mémoire bénie, Tout est oublié - Mon cousin Hillel, de mémoire bénie, Tout est pardonné - Mon cousin Woody, de mémoire bénie, Tout est réparé.
Ils sont partis mais je sais qu'ils sont là...peut-être simplement dans ma mémoire. peu importe. je sais qu'ils m'attendent quelque part."
Joël Dicker - le Livre des Baltimore - Roman - Editions de Fallois -478p - août 2015 -22€
Si vous aimez, comme moi, vous laisser embarquer dans une histoire où l'auteur, d'une écriture simple et nerveuse, vous égare dans un labyrinthe de vraies et de fausses pistes et vous réserve des surprises à chaque page, alors il faut lire ce livre...
- Enquête policière ? Oui.
- Roman plein d'humour sur le métier d'écrivain et l'origine du talent ? Oui.
- Critique d'une société qui adule un jour avant de condamner le lendemain ? Oui.
- Exploration des bas instincts humains ? Oui.
Le livre c'est tout cela et même beaucoup plus.
A la recherche de la vérité sur la disparition de la "gentille" Nola (15 ans) et pour innocenter son "mentor" Harry Quebert, un écrivain, Marcus, condamné à écrire un "best seller", nous propose une virtuose composition en abîme, où l'enquête qu'il mène est l'objet même du livre qu'il écrit.
Editions de Fallois - 2012 - 660p -20 euros
Ce roman à trame historique nous plonge dans l'histoire de membres français du SOE ou « Direction des opérations spéciales », un service secret britannique peu connu qui opéra pendant la Seconde guerre mondiale. Créé en juillet 1940 par Winston Churchill et dissous en juin 1946, il formait des jeunes gens, hommes et femmes, venus des pays occupés par les allemands et avec pour mission d'y retourner afin de soutenir et d'organiser les divers mouvements de résistance dans leurs propres pays où ils pouvaient se fondre plus facilement dans la population.
Joël Dicker nous fait suivre la formation de ce groupe d'agents secrets au sein de divers camps d'entraînement, mais plus que décrire la difficulté de ce parcours il s'attache à l'humain et nous fait vivre la transformation de ces jeunes en "Hommes" et la constitution d'un groupe soudé prêt à affronter la mort.
De ce groupe, émerge Pal, le parisien qui vit très mal d'avoir quitté son père sans explications et qui va compromettre ses misions en lui écrivant des cartes postales. ce rapport père-fils forme le fil rouge du roman...On découvre aussi Laura, la femme du groupe aimée de tous mais qui choisit Pal, Gros l'homme fort mais maladroit avec les femmes, Claude l'ex-séminariste et Faron le mystérieux...Leurs missions en France vont les confronter aux occupants incarnés par un lieutenant de l'Abwehr, Werner Kunszler, qui va se révéler un homme très ambigu.
Il est difficile de porter une appréciation sur ce premier roman de Joël Dicker après avoit lu d'abord "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" mais ce livre est intéressant, attachant et on sent bien qu'on a un écrivain dont le talent ne demande qu'à s'épanouir, un talent qui sait déjà détourner les codes, celui du héros, celui du méchant, celui de l'homme de Dieu, pour nous mettre face à l'ambivalence de la nature humaine.
Editions de Fallois-Poche - 450 p. février 2015 - 8,20 euros
.