Pour ce deuxième roman, Paula Hawkins nous entraîne dans la sulfureuse rivière qui coule à Beckford en effet d'un côté les berges sont le lieu de rendez-vous de la jeunesse qui s'y baigne mais
d'un autre il y a le bassin aux noyées où depuis très longtemps des femmes disparaissent nourissant légendes et malédictions.
Or justement une femme, Nel qui veut écrire l'histoire de cette rivière, y est retrouvée noyée, or la veille elle a téléphoné à sa soeur Julia sans que rien ne puisse laisser croire qu'elle
voulait se suicider.
Paula Hawkins par de courts chapitres dont chacun porte le nom d'un protagoniste de l'affaire qui donne son point de vue, nous dévoile progressivement une enquête aussi tortueuse
que le cours de la rivière.
A cela s'ajoutent les relations difficiles entre Julia (appelée Jules) et Lena la fille de 15 ans de Nel qui ne comprend pas pourquoi sa mère l'a abandonnée et ne supporte
pas cette tante avec laquelle Nel avait rompu tous les ponts et depuis longtemps. Rien n'est simple car Nel semblait avoir trouvé des indices sur de précédentes noyées comme la femme de
l'ancien chef de la police dont le fils qui lui a succédé Sean était l'amant mais aussi sur un professeur qui était lui aussi l'amant d'une jeune, meilleure amie de Lena, qui
étrangement s'est noyée.
Donc plusieurs histoires s'interpénètrent dans les confessions des anciens du village qui distillent un malaise diffus, des secrets inavouables et qui suscitent des incompréhensions et des soupçons un peu tout azimuth.
Toutefois l'ouvrage paresse un peu et manque un peu de souffle par moment avec une fin qui n'est pas celle d'un thriller mais pleine de subtilité.
Paula Hawkins - Au fond de l'eau- Sonatine éditions - 2017 - 22 euros mais existe en poche
10 millions de lecteurs et moi et moi et moi...
Je n'ai qu'un regret après avoir fini de lire ce livre, celui d'avoir tant tardé à le faire...
Plusieurs conditions pour se mettre en train (c'est le cas de le dire) :
- la première est d'avoir fait partie de ses banlieusards qui jours après jours prennent le même train du matin et le même train du soir avec son cortège d'habitués et ces paysages qui défilent au gré des saisons et qui peuvent laisser place à l'imagination,
- la deuxième est d'apprécier les récits non linéaires et racontés à la première personne par les 3 femmes protagonistes, Rachel, Anna et Megan, qui de petites touches en petites touches dessinent une réalité très différente de ce que nous avons imaginé de la fenêtre du train...
Rachel, la "deus ex machina", celle qui de voyeur du train va sauter dans l'action parce qu'un détail l'a intriguée. Et pourtant quelle héroïne !!! Alcoolique, chomeuse mais qui continue à pendre le train pour faire croire qu'elle travaille, divorcée sans enfants mais toujours accro à son Tom. Comment croire son récit qui est le plus souvent embrumé par les vapeurs d'alcool.
Anna, la deuxième épouse de Tom dont elle a une fille, Evie et qui continue à habiter la maison achetée par Tom avec Rachel, d'ailleurs une de celles que l'on peut regarder du train lorsque celui-ci s'arrête à un feu de signalisation. Son récit est animé par son désir de voir Rachel disparaître de leur vie...
Megan, la femme de Scott, une femme au passé douloureux qui habite une maison voisine de celle d'Anna et que l'on peut aussi apercevoir du train. Megan qui s'ennuie, est au bord de la dépression et va aller voir un psy et après quelques séances où elle joue plus de son pouvoir de séduction que de se raconter, disparaît. Son récit plonge dans les racines de son mal-être, la perte d'un enfant.
Les policiers jugeant Rachel peu fiable, cette dernière va se livrer à sa propre enquête car lorsqu'elle est sobre des souvenirs confus émergent.
Elle va ainsi bousculer d'une démarche chaloupée de soûlarde la vie de Scott, celle du psy Kamal et celles d'Anna et de Tom à la recherche d'une improbable vérité.
Bon une petite remarque quand même pour justifier la critique, le livre n'a pas l'intensité dramatique de celui de Gilian Flynn "Les apparences" sur un sujet voisin et paresse un peu au milieu mais c'est bien écrit et la description psychologique des héroïnes nous les rend familières.
A lire d'urgence
Paula Hawkins- la fille du train- Pocket 16129 - 456 pages - septembre 2016 - 7,80 euros