Arnaldur
Indridason est né en 1961 en Islande. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Ses romans, couronnés de nombreux prix prestigieux, sont publiés dans plus de 30
pays. La
Femme en vert et La
Cité des Jarres sont
notamment disponibles en Points.
C’est l’automne. Maria, une femme d’une cinquantaine d’années, est retrouvée pendue dans son chalet d’été sur les bords du lac du Thingvellir par Karen, sa meilleure amie. Après autopsie, la police conclut à un suicide. Quelques jours plus tard, Erlendur reçoit la visite de Karen qui lui affirme que ce n’était pas « le genre » de Maria de se suicider. Elle lui remet une cassette contenant l’enregistrement d’une séance chez un médium que Maria est allée consulter afin d’entrer en contact avec sa mère décédée deux ans plus tôt, qui lui avait promis de lui envoyer un signe de l’au-delà. Aussi dubitatif que réticent, Erlendur lui promet d’écouter l’enregistrement tout en lui répétant que ni l’enquête ni l’autopsie n’ont décelé le moindre élément suspect. L’audition de la cassette le convainc cependant de reprendre l’investigation à l’insu de tous. Il découvre que l’époux de Maria a eu un passé agité, qu’il a une liaison avec l’une de ses anciennes amours, qu’il est endetté et que Maria possédait une vraie fortune. Une intrigue parallèle nous raconte l’histoire d’un jeune couple disparu lors d’une promenade sur le lac. Et nous avons enfin des informations sur la nature des relations d’Erlendur avec son ex-épouse, Halldora et sa fille Eva Lind. Histoire intéressante car elle fait écho à ceux qui ont été plongés en état de mort cérébrale grace aux techniques d'hypothermie et qui sont revenus,et l'utilisation de ces techniques comme support d'un meurtre.
Une enquête qu'Erlendur mène seul pas à
pas.
Arnaldur Indridason - Hypothermie - Matailié - 298 p. - février 2010 - 19 euros
Bon, ce n'est pas le meilleur des Indridason lu mais c'est toujours efficace et fait passer un bon moment tout en étant un révélateur (presque trop appuyé) des relations entre les américains qui
occupent sur l'aéroport de Keflavik (proche de Reykjavik) une grande base depuis la 2ème guerre mondiale et les islandais, ceux qui veulent son départ et ceux qui en profitent. (Une
thématique déjà utilisée dans Opération Napoléon).
Le jeune enquêteur Erlendur et sa collègue Marion Briem vont avoir fort à faire en 1979 pour élucider le meurtre d'un homme repêché dans le lagon bleu (qui du fait du meurtre
devient le lagon noir...) d'autant plus qu'il s'agit d'un islandais employé à la maintenance des avions militaires dans le hangar 885 de la base, lieu probable du meurtre, ces avions qui
d'ailleurs font des vols mystérieux vers le Groenland. La hiérarchie militaire de la base ne coopére pas avec la police islandaise qui soupçonne pourtant des trafics louches entre militaires et
civils islandais, trafics qui durent depuis des années et qui pourraient être la cause de la disparition mystérieuse d'une jeune fille sur le chemin de la base, 40 ans plus tôt. Seule une jeune
femme de la police militaire, Caroline Murphy, semble vouloir les aider en cachette de sa hiérarchie et mène sur la base l'enquête qu'Erlendur et Marion ne peuvent mener, alcool, drogue, amours
clandestins sont ainsi progressivement mis à jour qui pourraient être la cause du meurtre. Quant à la disparition de la jeune fille, Erlendur s'oriente vers une autre piste, celle de proches de
la jeune fille, il va faillir en périr.
Arnaldur Indridason - Le lagon noir - Métailié noir - 320 pages - mars 2016 - 20 euros
Beaucoup plus noir, voir même quasi sordide, que les autres romans lus précédemment, cette enquête du policier Erlendur se révèle pourtant extrèmement prenante par les thèmes abordés et le climat étrange où il nous plonge lié aux hommes et aux paysages de cette ile qu'Indridason sait si bien décrire, l'Islande.
La lente enquête d'Erlendur, avec ses adjoints, Sigurdur Oli et Elinborg, est par ailleurs entravée par une recherche dans le milieu de la drogue à laquelle est liée la fille d'Erlundur, Eva Lind.
Que va pouvoir leur apprendre une petite photo de la petite Audur (4 ans) décédée environ 40 ans plus tôt et retrouvée chez la victime d'un meurtre sur lequel se trouve un étrange message "
Je suis lui" ?
Elle met Erlendur sur la piste de viols anciens qui n'ont pas été signalés par la peur du qu'en-dira t'on, l'incompréhension voire le mépris de la police et les conséquences de ces viols
cachés, des maladies génétiques.
Que vont révéler la mystérieuse et étonnante Cité des jarres, les bases de données sur le génome des islandais, cette petite population insulaire où il se révèle facile de suivre les
maladies de générations en générations et notamment la neurofibromatose, qui ne touche que les filles qui meurent alors très jeunes. Erlundur, flic bourru mais sensible et finalement très humain (comme le montre sa relation avec
sa fille) est attachant même s'il manque de logique dans son enquête qui a l'air de divaguer mais qui découvre peu à peu les couches
profondes. J'ai aimé cette ambiance froide et pluvieuse, sans doute plus proche de la
réalité que les guides
touristiques et qui donne envie de suivre d'autres enquêtes d'Erlendur.
La Cité des jarres - Arnaldur indridason - Points - février 2016 - 368 pages - 7,40 euros
Surfant sur le succés du "Livre du roi" les Éditions Métaillié publient un roman plus ancien d'Indridason sorti en 1999. Quel secret peut bien contenir un avion allemand qui s'est écrasé en 1945
sur le glacier de Vatnajökull, le plus grand d'Europe, englouti alors par la glace il ressurgit 50 ans après ?
Les américains déploient une importante force d'intervention pour le récupérer dans le plus grand secret, mais la force commandée par un certain Ratoff. aux ordres d'un chef des services seçrets
américains le général Carr est aperçue sur le glacier auprès de l'avion par le jeune Elias ét un ami. Elias a juste le temps de téléphoner à sa sœur Kristin avant d'être capturé s'en suit pour
Kristin une fuite éperdue pour échapper aux tueurs de Ratoff. Indridason au fil des pages distille toute l'animosité des Islandais envers les américains qui ont gardé une base depuis la fin de la
guerre et sont perçus comme une armée d'occupation. Cette opération secrète à dommages collatéraux envenime plutôt les rapports. Sur le glacier dans la tempête on dégage peu à peu l'avion et son
secret, des américains avec des officiers allemands et des papiers qui évoquent une mystérieuse opération Napoléon tout ceci interférant avec les aventures de Kristin et l'obsession d'un Général
américain de retrouver le corps de son frère. Dans sa fuite Kristin se rapproche de la vérité sur ce crash d'avion tout en se dirigeant vers le glacier sur lequel elle sera capturée par les
hommes de Ratoff. Comment va-t'elle s'échapper
et mettre à jour le secret qu'il fallait préserver à tout prix c'est à
vous de le découvrir dans ce passionnant
roman qui se lit d'une traite et surtout jusqu'à la dernière page. De préférence à lire en été car il se déroule en
grande partie sur le glacier où il fait entre -15 et -45°.
Opération Napoléon - Arnaldur Indridason -Éditions Métaillé - 352 p. 2015 - 20 euros
Si vous n'êtes pas rebuté par les noms islandais imprononçables comme Brynjólfur Sveinsson et vous allez en découvrir toute une pléiade au fil des pages, alors ce livre peut vous plaire.
Petit par le format mais immense symbole pour les islandais, "Le livre du roi" est un manuscrit poétique rédigé au XIIème siècle, sorte de saga sur les héros qui sont à l'origine de la nation islandaise et de sa culture.
Pour étudier ce texte légendaire le narrateur,Valdemar, se rend à Copenhague où il est conservé, pour y rencontrer le "Professeur", le grand spécialiste des manuscrits anciens islandais. Dès lors va commencer une triple quête :
- celle du manuscrit original dont on apprend qu'il a en fait disparu au cours de la seconde guerre mondiale,
- celle de huit feuillets de ce manuscrit qui en ont été enlevés,
- et celle de Valdemar à la connaissance de lui-même en suivant la piste aventureuse du manuscrit sur laquelle l'entraîne le professeur.
L'auteur réussit à rendre cette poursuite captivante mais également à nous intéresser à l'histoire de l'Islande des années 1950 et cette volonté farouche d'exister en tant que nation face au Danemark dont elle fut possession depuis 1536 jusqu'en 1944, en puisant justement dans les textes anciens les mythes et les valeurs fédérateurs.
Il nous confronte également au dilemme plus général de l'appartenance de ce type de trésors, peuvent- t'ils appartenir à de riches ou de peu scrupuleux collectionneurs ou ne peuvent-t'ils être que des biens publics ?
Le livre du roi par Arnaldur Indridason - Collection Points P3388 - novembre 2014 - 7,90€