Walter Kirn

Mauvais sang ne saurait mentir

N'ayant pas le temps de faire un compte rendu j'utilise ici celui de Babelio :

TheFunkyFreshLibrary   du  11 avril 2016 qui correspond le mieux à mon ressenti.

En 1998, Walter Kirn est sollicité par ses vieux voisins, qui s'occupent d'un refuge pour chiens : ils ont enfin trouvé un foyer pour une de leurs pensionnaires, en fauteuil roulant suite à un accident de voiture. le bienfaiteur s'appelle Clark Rockfeller, est très riche et habite à New York. Walter accepte d'emmener la chienne, intrigué par le personnage avec qui il échange quelques mails préalablement. Cette rencontre, entre fascination et mystère, sera le début d'une amitié de vingt ans, qui se terminera brutalement en 2009, quand Clark est arrêté puis jugé pour le meurtre d'un homme en 1985. Walter découvre alors que cet homme qu'il croyait connaitre, sans jamais le comprendre, est en fait un imposteur/manipulateur narcissique dont le vrai nom est Christian Gerhartsreiter.

A travers l'histoire de celui-ci, de son arrivée d'Allemagne à l'enlèvement de sa fille en 2008 en passant par six identités, Walter Kirn analyse sa propre naïveté, ce qui l'a amené à croire cet homme et ses mensonges, quelle que soit leur invraisemblabilité. Était-ce l'intuition qu'il ferait un excellent personnage de roman ? le désir jamais assouvi d'appartenir à la haute société, de frayer avec des gens riches qui mangent dans des restaurants luxueux et possèdent des toiles de maître ? Ou encore un mélange d'admiration et de pitié pour cet homme extravagant qui malgré ses grands airs semblait si seul ?

J'ai découvert l'existence de Clark Rockfeller avec ce livre, alors qu'il semble que son procès ait eu un effet retentissant aux USA. C'est un personnage intriguant mais finalement très pathétique et on se dit très vite « moi, je n'aurais jamais mordu à l'hameçon ! ». J'ai donc trouvé très intéressante l'approche de l'auteur, qui se concentre sur la façon dont de telles personnes exercent une emprise sur leur entourage, quel que soit leur niveau d'éducation. Il parle de sa propre expérience, ses oeillères, sa crédulité complaisante, et cela nous permet d'avoir quelques clés pour comprendre également ses ex-femmes.

Malgré quelques longueurs et des côtés agaçants (l'auteur se regarde forcément beaucoup le nombril), c'est une lecture éclairante sur les relations manipuleur-manipulé, qu'on est tous susceptible de connaître un jour sans s'en rendre compte.

 

Walter Kirn - Mauvais sang ne saurait mentir  - 10/18 -259p -  Janvier 2016