Films vus en 2016
Manchester by the sea de Kenneth Lonergan avec Casey Affleck, Lucas Hedge, Michelle Wiliams, Kyle Chandler … Vu le 20/12/ 2016
Ne pas se fier à l'affiche du film, il ne s'agit pas d'une romance à Manchester by the sea près de Boston ni d'un conte de Noël il s'agit plutôt d'une lente digression sur les malheurs de la vie et les capacités de résilience tant d'un adulte Lee Chandler (Casey Affleck) que d'un adolescent, Patrick (Lucas Hedge) dont le père Kyle frère de Lee, vient de décéder d'une insuffisance cardiaque et dont la mère s'est éloignée de sa vie.
On resort du film avec un sentiment ambigü car la lenteur et le recour fréquent au flash back éclipsent un peu la subtile évolution des sentiments et des rapports entre Lee qui est devenu le tuteur de son neveu et ce dernier qui ne veut pas d'un adulte pour régenter sa vie. Lee d'ailleurs n'a que de mauvais souvenirs à Manchester qui lui reviennent en boomerang et "la tragédie en cours (et passée) ramène de force l’humain à la terrible nécessité, à la terrible question de vivre. Pour qui, pour quels espoirs, pour quelles obligations ?"
On est admiratif de l'interprétation de Casey Affleck en meurtri de la vie, emmuré dans son terrible chagrin réavivé par son retour à Manchester qui communique d'avantage avec ses poingts qu'avec la parole et qui peine à se sortir de sa coquille pour communiquer tant avec son neveu Patrick (Lucas Hedge attachant) qu'avec les femmes que le destin met sur son chemin dont son ancienne femme, Randi (Michelle Wiliams).
Les paysages sont magnifiques que ce soit la blancheur des neiges hivernales ou le ciel se reflétant sur la mer et créent une atmosphère ouatée qui enveloppe le lent rapprochement entre Lee et Patrick, c'est sensible et émouvant sans donner dans le pathos...
Film à effusion lente où le temps est nécessaire pour interagir sur les situations et les comportements même si on aurait apprécié un peu plus de vivacité....
Demain tout commence d'Hugo Gélin avec Omar Sy, Clémence Poésy, Gloria Colston, Antoine Bertrand… Vu le 13/12/ 2016
Faut-il être dithyrambique ? Non !
Faut-il être très critique ? Non !
Comment se construit une relation fusionnelle d'un père avec sa fille, un bébé fragile tombé brusquement entre les mains d'un colosse ? Comment faire de son mieux (famille mono-parentale) pour l'élever au mépris souvent des conventions ? Comment suppléer l'absence d'une mère en lui fabriquant une vie d'agent secret globe trotter et que tout est remis en question quand cette mère réapparaît après 8 ans ?
De l'insousciance à la galère, de la complicité au désespoir, de la magie à la dure réalité, de la tendresse à l'affrontement... c'est ce que propose Hugo Gélin en utilisant Omar Sy (Samuel) en papa poule doté d'une énergie peu commune s'occupant d'une petite fille craquante Gloria (Gloria Colston), le thème n'est pas nouveau certes mais c'est mené à 100 à l'heure comme les cascades qu'enchaîne Samuel. L'arrivée de la mère, Clémence Poesy, charmante, qui a refait sa vie, renvoie au problème des familles recomposées et de la garde de l'enfant (ou des enfants) . Que faut-il faire prévaloir, la parenté biologique ou la parenté issue de la présence au jour le jour ? Le film bascule alors de la comédie au drame et se charge d'un surplus d'émotions....
On ne rit pas aux larmes mais on sourit beaucoup aux facéties du duo Samuel/Gloria et on se laisse surprendre par une fin imprévue....
Alors voila un bon film que l'on peut déguster en famille....
Sully de Clint Eastwood avec Tom Hanks, Aaron Eckhart … Vu le 6/12/ 2016
L'histoire est bien connue, le 15 janvier 2009, Chesley Sullenberger dit Sully pilote un Airbus 320 de l'US Airways, à destination de Charlotte, vol 1549, et pose en catastrophe son avion sur l'Hudson glacé sauvant ainsi 155 personnes après avoir perdu ses deux réacteurs dans une rencontre avec un vol d'oies sauvages peu après le décollage.
Comment donc faire un film d'1h30 sur un épisode qui dure en fait 4 minutes ?
C'est tout le mérite de Clint Eastwood et de son scénariste mais pour cela, il ont développé une enquête à charge du NTSB, équivalent américain du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour l'aviation
civile pour rechercher une éventuelle faute de pilotage, les simulations montrant que l'avion aurait pu atterir sur un aéroport proche et non sur l'Hudson. Le héros de toute l'amérique doit donc
se justifier...
Le film est prenant, les scènes du crash sont d'un réalisme stupéfiant, Tom Hanks campe Sully, un pilote plus vrai que nature et qui inspire tout de suite confiance. Avec son co-pilote, Aaron Eckhart, il forme un duo qui fait face avec un grand professionnalisme à l'imprévu... l'action rapide des secours est également bien mise en valeur ainsi que le rôle de la presse qui fait en quelques minutes un héros national d'un inconnu mais au prix d'une intense pression sur lui-même et même sa famille. Dans la réalité durant les 18 mois de l'enquête, Sully n'a pas été autorisé à voler, son salaire baissé de 40% et sa pension de retraite impactée.
Evidemment le film est une fable à la Clint Eastwood le cow-boy qui affrontait l'ennemi avec succès, ici c'est l'affrontement du héros avec la bureaucratie, de l'homme contre les simulateurs numériques alors comment ne pas y voir une charge à caractère politique, de même les photos du crash qui aurait pu survenir de l'avion s'écrasant contre un immeuble sont le rappel du 11 septembre 2001 et la nécessité pour les américains de s'unir contre l'adversité autour de héros ordinaires...
Un beau film à voir sans être totalement dupe sur les intentions ambigües de Clint Eastwood.
Alliés de Robert Zemeckis avec Brad Pitt, Marion Cotillard … Vu le 29 novembre 2016
L'amour face à la trahison, et comment réagir quand le soupçon se précise, c'est la trame qui sous-tend le film, ici en temps de guerre mais là...
On suit avec plaisir cette histoire de deux espions, l'une française, Marianne Beauséjour, l'autre canadien, Max Vatan, qui après après un attentat réussi contre les nazis à Casablanca se retrouvent à Londres,s'y marient ont une fille, un bonheur apparemment sans nuages lorsqu'un jour, Max est convoqué par le contre-espionnage...
Une mise en scène assez virtuose, mais on en attendait pas moins de Robert Zemeckis, une belle photo mais presque trop léchée à l'image de l'arrivée en parachute de Max dans le désert et qui se relève sans un grain de sable....C'est sans doute voulu pour montrer qu'il ne faut pas se fier à l'apparente beauté qui cache imposture et trahison. Les deux acteurs principaux portent le film avec toutefois une sensation qu'ils sont trop en retenue mais c'est pardonné pour Marion Cotillard que j'apprécie de plus en plus film après film.
Ce n'est pas un chef d'oeuvre mais on sort
en ayant passé un bon moment sans ennui, n'est-ce pas l'essentiel ?
Snowden d'Oliver Stone avec Joseph Gordon Lewitt, Shailene Woodley…Vu le 22 novembre 2016
Voila un film très (trop ?) pédagogique sur cette civilisation du numérique qui permet d'écouter et même de voir chaque personne connectée, d'archiver ces milliards de milliards de données et d'avoir les logiciels capables de retrouver sur simple requête des infos sur chacun d'entre nous. Alors, quel contrôle peut exercer un pays démocratique dès lors que la sécurité nationale est invoquée pour justifier le recueil de masse de données et justement agir hors contrôle ?
Le film se laisse voir avec un certain intérêt car il est bien monté au travers
de l'interview qu'Edward Snowden donne en juin 2013 à des journalistes à Hong-Kong ce qui permet les nombreux flash back sur son parcours de jeune informaticien patriote qui veut faire partie des
forces spéciales puis son passage par la CIA et la NSA jusqu'à sa décision de devenir lanceur d'alerte et sa fuite, pour échapper à la justice américaine, en Russie.
Réussie l'histoire de Snowden moins réussie l'évolution psychologique du personnage et surtout le moment de bascule qui le fait passer d'informaticien de génie au service de son pays mettant au
point ce logiciel PRISM qui permet de retrouver les informations des grands opérateurs du numérique, Google, Yahoo, Apple...à lanceur d'alerte dénonçant les agissements de sa hierarchie jusqu'au
sommet de l'état.
Joseph Gordon Lewitt campe un Edward Snowden convaincant, Shailene Woodley, la compagne d'Edgard, Linsay Mills, que nous avions apprécié dans "Nos étoiles contraires" est toujours aussi ravissante mais manque de conviction, une mention spéciale pour Melissa Leo qui joue le rôle de Laura Poitras, la cinéaste de l'équipe de journalistes qui interview Edward et qui va réaliser un documentaire « Citizen Four », le nom de code que s'était donné Snowden pour la contacter et la rencontrer avec d'autres journalistes dans cet hôtel Mira de Hong Kong (pas vu mais il paraît qu'il est remarquable...)
Voilà ce n'est pas le grand film espéré mais il pose quand même le méga problème : Qu'est-ce que la vie privée au regard des menaces potentielles ?
Pour terminer un petit coucou par avance à "l'informaticien de génie", que je ne connais pas, mais qui du fond de son bunker centre d'écoute va certainement être un des quelques lecteurs de mon compte rendu ...
Moi, Daniel Blake de Ken Loach avec Dave Johns, Hayley Squires…Vu le 15 novembre 2016 en VO
Il y a des films dont on ne ressort pas indemnes et qui font s'interroger sur la
finalité de ce qu'on appelle la "protection sociale" ici en Angleterre mais que l'on peut sans aucun doute généraliser à bien d'autres pays dont la France.
C'est la conséquence de la déshumanisation d'un systéme où il faut faire du chiffre (privatisation)...atteindre des objectifs fixés par des technocrates traduisant en règles "kafkaïennes"
une politique destinée à décourager les demandeurs et à sortir des fichiers ceux que justement on doit le plus aider...
Tout commence dans le noir par l'interrogatoire surréaliste d'un homme, (Daniel Blake,un menuisier de 59 ans qui a eu une grave crise cardiaque), par une assistante médicale qui va conclure qu'il
est en capacité de travailler et donc qu'il n'a plus à toucher les indemnités d'invalidité...il doit être chômeur et donc aller s'inscrire (sur Internet...) à l'équivalent de "Pôle emploi"
pour toucher le chômage. Bien sûr pour cela, il va devoir justifier qu'il recherche des emplois alors même que son cardiologue lui interdit de travailler...
On peut sourire...mais on assiste à la mise en marche d'une machine à broyer l'humain, le début d'une spirale où seul un peu de châleur humaine viendra de la rencontre avec une mère (Katie) et ses deux enfants, elle-même précaire à la recherche d'emplois lui permettant de vivre...Quand on pense que c'est l'Angleterre qui a inventé la "Sécurité sociale", sir Wiliam Beveridge doit se retourner dans sa tombe !!!
C'est remarquablement filmé et les deux acteurs principaux (un grand bravo à eux) sont d'un naturel confondant les rendant véritablement proches de nous...Une palme d'or à Cannes vraiment justifiée...
J'emprunte rarement à d'autres leurs commentaires mais celui-ci m'a paru transcrire mieux que je n'aurai su le faire mon ressenti :
MOI, DANIEL
BLAKE pourrait être
un énième film social sur un monde déshumanisé en crise. Mais il est plus que cela. Nouvelle version de Don Quichotte, Ken Loach offre aux spectateurs le portrait d’un chevalier
des temps modernes en lutte avec les moulins à vent de l’administration. Face à l’absurdité et à la déshumanisation de l’État, de ses représentants et de ses agences, la solidarité et l’entraide
sont les dernières barrières à l’indifférence. Entre provocations, colère et combines alternatives, MOI, DANIEL BLAKE ne tombe jamais dans le mélo et la froideur. Toujours
proche de ses personnages, toujours observateurs d’une société qui oublie les autres, Ken Loach reprend la caméra pour mener ses combats.
Marie
http://www.leblogducinema.com/critiques-films/moi-daniel-blake-de-ken-loach-93756/
Je joins aussi les propos du scénariste et du réalisateur :
Paul Laverty, le scénariste, explique d'où est venue l'idée du film : « La campagne de dénigrement systématique menée par la presse de droite contre tous les bénéficiaires de l'aide sociale, relayée par plusieurs émissions de télévision haineuses qui se sont engouffrées dans la brèche, a attiré notre attention. Les médias se délectaient de la détresse des gens de manière obscène »
Pour le réalisateur Ken Loach, « le point de départ a été l'attitude délibérément cruelle consistant à maintenir les gens dans la pauvreté et l'instrumentalisation de l'administration — l'inefficacité volontaire de l'administration — comme arme politique. On sent bien que le gouvernement cherche à faire passer un message : « Voilà ce qui arrive si vous ne travaillez pas. Si vous ne trouvez pas de travail, vous allez souffrir. » Il n'y a pas d'autre explication à cette attitude. Et la colère que cette politique a provoquée chez moi m'a donné envie de faire ce film » ( Source : Wikipédia)
Un film à voir, à faire voir et à commenter car l'Angleterre n'est pas loin et que certaines options politiques dans notre pays pourraient bien amplifier certaines dérives que l'on connaît déjà, hélas : notre protection sociale est un gouffre, elle ne sert qu'à la racaille, aux émigrés de tout poil...
Par ailleurs je viens de voir le film " Les enfants volés en Angleterre" de Pierre Chassagneux et Stéphane Thomas en replay sur France 5 c'est véritablement terrifiant de voir jusqu'à quelles extrémités tragiques pour certaines familles peut conduire ce fameux principe de précaution, le soupçon de maltraitance future, pour enlever des enfants à leurs parents et les faire adopter de manière irrévocable par d'autres familles....A voir de toute urgence avant sa disparition des écrans...
La fille du train de Tate Taylor avec Emily Blunt, Rebecca Ferguson, Haley Bennett, Justin Theroux, Luke Evans, Edgard Ramirez…Vu le 8 novembre 2016
Ceux qui ont bien apprécié le livre de Paula Hawkins seront sans doute un peu déçus toutefois le film se laisse voir ne serait-ce que pour Emily Blunt très convaincante dans le rôle de Rachel. Evidemment, le film se passe en Amérique et n'a donc pas beaucoup de rapport avec l'ambiance anglaise du livre, le train est un train moderne et les maisons sont des cottages léchés à l'américaine, Rachel est également moins avinée et moins au fond du trou que dans le livre.... La deuxième partie après la découverte du corps de Megan disparue depuis plusieurs jours et avec les scènes dans le tunnel m'a paru plus animée et convaincante que la première partie où le réalisateur traîne un peu pour lancer l'histoire. Rachel, une chomeuse alcoolique observe de la fenêtre du train qu'elle continue à prendre quotidiennement la maison d'une certaine Megan proche de celle où elle a habité avec son ex-mari Tom qui lui s'est remarié avec Anna dont il a une fille. Un jour elle remarque un détail, un homme qui embrasse Megan et qui n'est pas son mari juste avant la disparition de cette dernière, elle va donc s'impliquer dans cette disparition et rencontrer Scott le mari de Megan et son ex Tom. ... Les scènes finales où se dévoile la vérite sur le meurtre de Megan ont la brutalité nécessaire mais peuvent choquer par leur réalisme.
C'est un film bien monté avec deux actrices qui sortent du lot, Emily Blunt campe une Rachel qui plongée dans une spirale de descente aux enfers va essayer de s'en sortir grace à cet évènement fortuit et Rebecca Ferguson qui incarne Anna, la femme amoureuse et la mère protectrice qui se révolte face à la trahison. Toutefois le film est trop léché et manque de cette passion et ce souffle qui sous-tendent le livre.
P.S : Compte rendu du livre de Paula Hawkins : http://www.j2pam.fr/livres-lus/hawkins/
Mal de pierres de Nicole Garcia avec Marion Cotillard, Alex Brendemühl, Louis Garrel, Brigitte Rouan…Vu le 1er novembre 2016
Marion Cotillard, Gabrielle, porte le film, non seulement elle a ce beau visage
parfois énigmatique et ses yeux qui vous transpersent mais elle montre ici qu'elle a aussi un corps, un corps qui recherche cet amour fusionnel qui la tourmente comme ce "mal de
pierres" ou calculs rénaux qui la font souffrir. Cette double souffrance psychique et physique peut-elle conduire Gabrielle à une sorte de folie et prendre ses désirs pour des réalités
?
La réalisatrice Nicole Garcia prend son temps pour évoquer par des flash-back plusieurs épisodes de la vie de Gabrielle, sa jeunesse de fille de paysans aisés cultivant la lavande si
perturbée par les besoins de son corps que sa famille la marie à un saisonnier taciturne qui a fuit l'Espagne, José (Ales Brendemühl). Un mariage arangé qui ne satisfait aucun des deux.
A l'occasion d'une fausse couche on découvre qu'elle a le "mal de pierres " et qu'il faut l'envoyer se soigner dans un dispensaire suisse, (un lieu d'enfermement ?), elle y rencontre un lieutenant blessé lors de la guerre d'Indochine, André Sauvage (Louis Garrel) dont elle tombe éperdument amoureuse...
Gabrielle va avoir un fils qui se révèle un jeune pianiste très doué qui monte à
Lyon interpréter la "Barcarolle" deTchaikovsky*, l'oeuvre qu'André Sauvage jouait à Gabrielle en Suisse la submergeant alors d'émotion... Est-ce un signe du destin pour renouer avec le
passé ?
Le final surprenant redonne toutefois une présence forte à ce mari jusque là effacé...
Les acteurs sont tous remarquables Marion Cotillard en tête mais Alex Brendemühl, acteur espagnol peu connu en France l'est tout autant sans oublier Louis Garrel...La réalisation est classique mais réussit à maintenir l'intérêt sans nous transporter, de très beaux paysages (c'est normal une partie est tournée en Provence** !!!).
Un bon film.
* On peut écouter ou ré-écouter cette Barcarolle dans l'interprétation assez magique de Sviatoslav Richter
:https://www.youtube.com/watch?v=0Ucdew8O-mA
** Quelque lieux de tournage en Provence : Valensole et son plateau de lavande, mais aussi les beaux villages de Puimoisson et surtout de Saint Martin de Brômes avec son église surprenante...
La fille inconnue de Jean-Pierre et Luc Dardenne avec Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Jérémie Rénier, Christelle Cornil….. Vu le 25 octobre 2016
Que dire sinon beaucoup de bien du nouveau film des frères Dardenne qui poursuivent leur quête-enquête dans le quotidien dun héros féminin. C'est magique de réussir à réaliser un film sur les gestes de la vie de tous les jours professionelle ou civile, retirer un pansement ou manger une gauffre offerte, gestes banaux et pourtant tellement signifiants.
Le synopsis est mince, dans la banlieue de Liège, une jeune médecin Jenny (Adèle Haenel) n'ouvre pas la porte du cabinet en réponse à un coup de sonnette car cela fait une heure que le cabinet est fermé. Le lendemain, la police lui apprend qu'une jeune africaine est venue sonner à sa porte avant d'être tuée sur les quais voisins, jeune femme qu'on lui montre sur la vidéo de sa caméra de surveillance, c'est une inconnue qui n'a sur elle aucun papier. Jenny culpabilise "et si j'avais ouvert la porte..." et va chercher au travers de ses consultations dans son quartier défavorisé à connaître au moins le nom de la jeune fille pour qu'elle ne soit pas enterrée de manière anonyme. De petites touches en petites touches elle va réussir à faire accoucher (dans une maïeutique parfaitement maîtrisée) la réalité d'une affaire sordide culminant dans deux scènes poignantes d'émotion, une vérité que l'on ne peut voir en face. Adèle Haenel est étonnante dans ce rôle de médecin qui s’approche des corps, lit les visages, décrypte les gestes et laisse la place à la parole, les autres acteurs sont aussi convainquants.
Bien sûr c'est un film sur la responsabilité, responsabilité individuelle qui implique une remise en cause de soi-même: "Pourquoi n'ais-je pas ouvert ?" mais aussi responsabilité collective d'avoir créé un système global où l'absence de lien social permet de masquer violence, exploitation, misère. C'est cette lente confrontation que montrent les Dardenne en suivant le médecin qui au départ enfile des gants symboles de la mise à distance puis s'en débarrasse pour toucher à main nue et ainsi percevoir plus intimement ce monde malade et fermé.
Du très grand art de réussir à filmer avec autant de naturel encore plus séduisant que dans "Deux jours une nuit", un film à voir de toute urgence et à faire connaître (nous étions 6 dans la salle...)
Une vie entre deux océans de Derek Cianfrance avec Michael Fassbender, Alicia Vikander , Rachel Weisz….. Vu le 11 octobre 2016
Magie de l'océan aux multiples facettes et d'une lumière qui perce la nuit pour guider ceux qui s'y aventurent, un phare, celui de l'ile de Janus au confluent du pacifique et de l'océan austral. Or comme Janus, le dieu au double visage ou la rencontre des deux océans, tout le film est basé sur la dualité, l'enfer évoqué de la guerre et la solitude sur l'ile, la beauté de deux êtres qui s'aiment et la noirceur de s'approprier l'enfant d'une autre, l'amour exacerbé d'une mère d'adoption et le désespoir de la mère biologique, la mort et la vie dans une même barque... Derek Cianfrance* s'est appuyé sur le livre paru récemment de M.L Stedman pour raconter cette histoire incroyable d'un gardien de phare, Tom et sa femme Isabel, perdus sur cette ile déserte. Isabel après deux fausses couches se désespère d'enfanter quand d'une barque échouée sortent les cris d'un bébé qu'elle convainc difficilement son mari de garder et de présenter comme sa fille, Lucy. Lors du baptème de l'enfant, Tom aperçoit la mère biologique de l'enfant, Hannah. Par sens du devoir et de réparer une injustice il va lui écrire un mot lourd de conséquences. Le réalisateur adopte aussi le parti pris de la dualité en filmant la vastitude de l'océan, celui de nos sentiments ? et filmant de très près les visages de Tom et Isabel pour y montrer soit la connivence amoureuse soit cette félure que le mensonge installe dans le couple ou le déchirement d'une mère à qui on enlève son enfant. L'image est véritablement superbe dans des paysages de rêve (la Tasmanie qui invite au voyage...) ou ces couchers de soleil sur l'océan aux couleurs extraordinaires qui ont tellement plu au réalisateur qu'il irait même jusqu'à en abuser... L'ensemble dégage un romantisme qui tourne peu à peu au drame, mais pas au mélodrame. Les acteurs sont convainquant aussi bien Michael Fassbender en Tom, le tourmenté, qu'Alicia Vikander en Isabel, superbe aussi bien dans le bonheur que le malheur et que Rachel Weisz la veuve anéantie que l'espoir fait renaître, sans oublier la jeune Lucy-Grace craquante.
Il manque sans doute une étincelle de génie pour en faire un très très grand film mais c'est un superbe film que l'on recommande et qui ne laisse pas indifférent n'en déplaise à certains critiques...
* Nous avions déjà vu et apprécié le très bon film du même réalisateur Derek Cianfrance, "The Place beyond the Pines" en 2013
La danseuse de Stéphanie Di Giusto avec SoKo , Lily-Rose Depp , Mélanie Thierry , Gaspard Ulliel ….. Vu le 4 octobre 2016
Des moments véritablement magiques qui restent durablement en mémoire. Est-ce de la danse ? Peut-être pas tout à fait, mais c'est un spectacle total, inventif que cet envol chamarré de voiles qui tourbillonnent et dessinent dans l'espace des figures féériques. Stéphanie Di Giusto a choisi de raconter l'histoire d'une américaine Loïe Fuller qui née dans un ranch va devenir la coqueluche du tout Paris aux Folies bergères et même triompher à l'Opéra en inventant ce type de danse, la danse serpentine et le jeu de lumière qui l'accompagne quitte à se brûler les yeux.. Cette destinée extraordinaire, de la bouse au pinacle, nous est contée avec une certaine lourdeur qui contraste avec la grace de la danse (je suis peut-être de parti pris car j'aurai voulu être subjugué encore plus longtemps par la partie consacrée à la danse...). Loïe Fuller va recruter dans sa troupe la toute jeune Isadora Duncan dont la danse toute de légéreté et sensuelle contraste avec celle de Loïe cachée dans ses voiles et qui pourtant va se mettre à nu devant elle. Cette opposition est un des points forts du film qui montre également que l'art résulte d'un travail acharné, voire d'une torture des corps. Les 3 actrices sont étonnantes, Soko en Loï Fuller dégage une énergie rare, Lily-Rose Deep incarne une Isadora dans la fraîcheur de la jeunesse mais animée d'une ambition implacable, Mélanie Thierry au jeu tout en nuances est Gabrielle la régisseuse des Folies bergères qui tombe sous le charme de Loïe et qui va la soutenir jusqu'au bout, les hommes sont plutôt anecdotiques ...
Bref un film qu'on recommande vivement.
Ayant trouvé une biographie de Loïe Fuller intitulée : Mystérieuse fleur de rève sur le site Sens critique je la reproduis ci-après.
" Cette étrange femme,(Loïe Fuller née Mary Louise Fuller en 1862 dans l'Illinois). au départ simple fermière, découvre sa vocation en tant que comédienne, un soir d'octobre 1891, lors de la création de la pièce "Quack Medical Doctor", dans le Massachusetts. Alors qu'elle est revêtue d’une longue chemise de soie blanche, elle improvise de grands mouvements pour interpréter une femme sous hypnose. Spontanément et de manière inattendue, le public réagit en s’écriant "Un papillon ! Une orchidée !".
Elle se lance alors dans la
confection d'une robe longue et spéciale pour représenter sa première chorégraphie, la Danse serpentine, créée au Park Theatre de Brooklyn, à New York, en février 1892. Cette dernière connaît un succès
tel que de nombreuses imitatrices se l’approprièrent aussitôt.
Par la suite, installée à Paris, elle
est remarquée et engagée aux Folies Bergère par le directeur artistique Édouard Marchand. C'est ainsi qu'elle devint
l’une des artistes les plus importantes et les mieux payées dans le monde du spectacle. Cette femme qui aime les femmes, outre le fait d'exprimer la danse de manière nouvelle et décalée,
considérait la
lumière comme un élément fondamental de la représentation.
L’avènement de l’éclairage électrique et l'imagination créatrice de Fuller suscitent une révolution dans les arts de la scène.
Le travail d'orfèvre sur la robe de cette danseuse
aussi marginale que troublante laisse sans voix. Parfois, c'étaient des centaines de mètres de tissus qui étaient nécessaires à la confection du vêtement. Tournoyant sur un carré de verre éclairé
par dessous, sculptée par les faisceaux de dizaines de projecteurs latéraux, noyée dans des flots de tissu léger, Fuller, métamorphosée par la couleur, emplit l’espace scénique de ses formes
lumineuses en mouvement. Dans certaines de ses pièces, des miroirs stratégiquement placés et des jeux d’éclairages savamment étudiés démultiplient son image à l'infini.
A l’affut des progrès scientifiques
de son époque (elle rencontre notamment Edison, Pierre et Marie Curie), Loïe Fuller décuple la magie de ses spectacles au moyen de savants jeux d’éclairages et d’illusions d’optiques. On la
surnomme la Fée Lumière. Une audace qui lui vaut d’être considérée aujourd’hui comme une pionnière en
matière d’art technologique et d’effets spéciaux.
De crainte qu'on ne lui "vole son
art", Fuller déposa
un total de dix brevets et copyrights, principalement reliés
à ses accessoires (sels phosphorescents qu'elle élabore elle-même et applique sur ses costumes) et dispositifs d’éclairages. Son succès ne fut pas éphémère, néanmoins, elle fut éclipsée en tant
que danseuse par Isadora Duncan en 1902, qu’elle contribua à faire connaître en Europe. Malgré une longue
et impressionnante carrière, elle fut pratiquement oubliée du grand public après sa mort (en 1928), mais devint rapidement une référence dans l'histoire de
la danse, marquant un point d'articulation entre le music-hall, la performance et la danse moderne."
Frantz de François Ozon avec Pierre Niney, Paula Beer... Vu le 27 septembre 2016
Comme le montre l'affiche du film, François Ozon propose avec Frantz un film principalement en noir et blanc censé mieux évoquer la période où se déroule l'intrigue, l'immédiat après-guerre 1914-1918. Frantz, jeune allemand francophile est l'un des trop nombreux morts de la guerre et sa fiancée inconsolable, Anna, vient se recueillir tous les jours sur sa tombe, elle y découvre un matin Adrien Rivoire, un jeune français qui lui dit être l'ami de Frantz.
A partir de là le film en deux volets, l'un en Allemagne, l'autre en France, va se dérouler sur le double thème de la réalité du ressenti de la défaite revancharde côté allemand et de la victoire amère côté français et du mensonge qui permet de reconstruire la vie. La vie d'Anna qui fleurit une tombe aussi vide que son existence et qui n'est pas insensible au charme du jeune français, celle d'Adrien le tourmenté qui la réinvente alors qu'il est venu en Allemagne pour se confier, celle des parents de Frantz qui ont besoin de sublimer le souvenir de leur fils ne serait-ce qu'avec quelques notes de violon. Ces mensonges qui créent une autre réalité est-ce ce qui nous permet de donner des couleurs à la vie et ne pas basculer dans le suicide individuel ou collectif devant l'horreur, une toile de Manet, "Le suicidé", peut le donner à croire ?
Le film est certes beau, la mise en scène élégante et subtile, le choix du noir
et blanc avec le passage à la couleur pour symboliser la vie qui renaît est intéressant et bien fait quoique trop prévisible. Pierre Niney en Adrien est convainquant mais forçe un peu
son jeu de jeune homme tourmenté et fragile. Paula Beer, Anna, est à la recherche de l'amour impossible, elle porte le film par toutes les émotions que son superbe visage
laisse transparaître. Le climat de haine réciproque entre allemands et français paraît bien rendu avec un passage fort où le père de Frantz accuse sa génération de pères d'avoir poussé leurs
enfants à la mort et d'en être d'une certaine façon les responsables, le pardon, la réconciliation sont-ils possibles ?
Mais, le film un peu paresseux manque d'intensité dramatique et on sort légèrement insatisfait...On attendait mieux du réalisateur de "Huit femmes" et de "Dans la maison" ...
Cézanne et moi de Danièle Thompson avec Guillaume Canet, Guillaume Gallienne, Alice Pol, Déborah François, Sabine Azéma... Vu le 20 septembre 2016
Vu en avant première suite à une conférence très intéressante d'un professeur
d'université à Aix Marseille, Christian Loubet et dont je reparlerai à la fin.
Danièle Thompson propose un film foisonnant, peut-être même trop foisonnant sur le thème de l'amitié entre Paul Cézanne et Emile Zola, une amitié née sur les bancs du collège Bourbon à
Aix-en-Provence qui va durer plus de 30 ans et se terminer en brouille. Une entrevue "probable" entre Emile et Paul en 1888 alors qu'ils ont presque la cinquantaine à Médan (près de Poissy),
maison de campagne d'Emile Zola est le fil rouge de cette histoire.
De nombreux flash back vont dessiner l'histoire de cette relation du fils de bourgeois, Paul et du fils d'un ingénieur italien mort prématurément plongeant sa famille dans la gène, Emile, et qui sont dans leurs domaines respectifs la peinture et la littérature à la recherche de la gloire et de la renommée. Leurs premiers émois, la vie difficile à Paris, les rencontres des célébrités comme Manet, le cercle des amis peintres et poétes à Montmartre et Batignolles, les amours avec Hortense pour Paul et Alexandrine (Gabrielle) pour Emile, les rapports à leurs mères respectives et toujours l'amitié... jusqu'à la parution du roman de Zola, "L'oeuvre" en 1886 En 1888 l'un est célèbre, l'autre pas et Paul avec véhémence reproche à Emile de l'avoir caricaturé avec outrance dans "L'oeuvre" l'ayant assimilé à Claude Lantier le peintre raté ce à quoi Emile rétorque que Paul ne comprend rien à la création romanesque et qu'il est un peintre au génie avorté...Ils ne se reverront plus.
Les images du film sont magnifiques avec une prime spéciale pour les carrières de Bibemus et la Sainte Victoire qui surgit en toile de fond, images qui a elles-seules valent d'aller voir le film. Les deux Guillaume (Canet et Gallienne) sont bons on sent une réelle complicité entre eux, mais on leur en demande peut-être trop à faire passer dans des tirades certes ciselées mais qui laissent peu de place à l'émotion...Ne cherchez pas non plus les explications sur les recherches picturales de Cézanne ou l'écriture de Zola qui restent superficielles. Mais ne boudons pas notre plaisir, le film est intéressant et sent bon la Provence, il dévoile une relation peu connue entre deux hommes qui ont révolutionné la littérature et la peinture en cette fin de 19ème siècle et au destin croisé, le pauvre devenant un grand bourgeois qui se fige peu à peu et le fils de riche ayant vécu assez misérablement qui invente une peinture nouvelle, la brouille étant le point de départ de cette divergence.
On recommande vivement ce film.
La conférence initiale basée sur la correspondance entre Zola et Cézanne a montré qu'un an après la parution de "L'oeuvre" Cézanne remerciait Zola de lui avoir fait parvenir le tome suivant des Rougon Macquart, "La terre", le ton employé ne laisse pas supposer une forte brouille.
S'ils ne se sont pas revus c'est sans doute parce que Zola est pris dans des tourments domestiques étant amoureux d'une jeune fille Jeanne (que l'on voit d'ailleurs dans le film,(Freda Mayor superbe, on comprend qu'elle ait pu tourner la tête d'Emile)) avec laquelle il va avoir deux enfants, liaison qui sera mal prise par Alexandrine qui a sans doute été d'ailleurs la maitresse de Paul Cézanne avant Emile. Puis Zola va être pris à partir de 1898 dans l'affaire Dreyfus avec son fameux article de l'Aurore "J'accuse...", son exil en Angleterre. Une position de Zola que Cézanne ne partage pas, il pense que son ami a été abusé...Enfin Zola, le critique d’art, ne comprend plus l’évolution du travail des peintres et notamment l'oeuvre de Cézanne dont il critique le caractère inachevé or paradoxalement au fur et à mesure que Zola se tourne vers la photo, Cézanne invente la peinture qui va au delà de la photo et commence à connaître sur la toute fin de sa vie la notoriété. A l'annonce de la mort de Zola il pleurera deux jours...l'amitié n'était pas morte.
Le fils de Jean de Philippe Lioret avec Pierre Deladonchamps, Gabriel Arcand, Catherine de Léan, Marie-Thérèse Fortin... Vu le 6 septembre 2016
La reprise cinématographique s'est faite avec un petit bijou, Le fils de Jean, une histoire intimiste qui demande de faire très attention à tous les détails et toutes les petites touches que nous distille le réalisateur.
Un simple coup de téléphone fait basculer la vie de Matthieu lui l'homme sans père apprend sa mort au Canada et l'existence de deux frères. Son besoin impérieux de mieux connaître ses origines et de faire partie d'une famille (ce qui l'aiderai peut-être à reconstruire sa vie de divorcé avec un jeune garçon) lui fait prendre l'avion pour le Canada où il est accueilli comme un chien dans un jeu de quilles par Pierre, le meilleur ami de Jean son père qui s'est noyé dans un lac. Pierre en effet le présente comme un ami français à ses "frères", canadiens bon teint, au cours d'une superbe séquence au lac où ils se retrouvent pour rechercher le corps de Jean. En observateur, Matthieu peut ainsi constater que les problèmes d'héritage sont semblables sur tous les continents amenant les frères à se disputer gravement et prendre une certaine distance ce qui paradoxalement contraste avec son intégration facile dans la famille de Pierre qui abandonne peu à peu son attitude d'ours canadien et dont la femme et la fille lui renvoient l'image d'une famille heureuse et unie. Et pourtant les failles sont là, les non-dits deviennent explicites....Qu'est-ce qu'être père ? Qu'est-ce qu'une famille ? A t'on besoin de dévoiler tous les secrets dans une famille ? Philippe Lioret pose les questions et la réponse qu'il propose est davantage dans l'amour d'un regard que dans l'explicite de la paternité. Les comédiens sont tous remarquables à l'instar de Pierre Deladonchamps, une belle découverte, et les acteurs canadiens exceptionnels de naturel.
On recommande vraiment ce film qui montre qu'on a pas besoin d'un déluge d'effets spéciaux ni d'effets appuyés pour faire un bon film et pour nous faire toucher la complexité de l'humain.
Elle de Paul Verhoeven avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Charles Consigny, Virginie Effira... Vu le 7 juin 2016
Voila un film que personnellement je n'ai pas aimé et pourtant j'apprécie énormément Isabelle Huppert.
A lire certaines critiques, le destin de Michèle patronne d'une entreprise de jeux vidéos, fille d'un tueur en série, divorcée et dont l'amant est le mari de sa meilleure amie, mère d'un grand dadais immature et qui se fait violer par un homme masqué est une peinture de la névrose de notre société.... Si notre société ressemble au repas de Noël qu'organise Michèle en rassemblant autour de la table son ex-mari accompagné de sa nouvelle compagne, jeune et jolie, sa meilleure amie et son mari (l'amant..), sa mère avec son compagnon de 40 ans son cadet et qu'elle souhaite même épouser, son fils et sa belle-fille qu'elle ne peut piffrer et enfin sa voisine fervente catho et son beau mari auquel elle ne peut s'empêcher de faire du pied...alors, oui, on peut apprécier cette farce caricaturale proposée par Verhoeven... Bien sûr il n'y a pas que cette scène dans le film et la blessure initiale de Michèle témoin impuissant de l'arrestation de son meurtrier de père explique son comportement, notamment sexuel, et son refus de dénoncer son viol à la police mais même si l'on ne s'ennuie pas on reste distant..Un film que l'on peut éviter...
Money Monster de Jodie Foster avec George Clooney, Julia Roberts, Jack O'Connel... Vu le 17 mai 2016
Avec une telle distribution on aurait pu s'attendre à un très grand film, ce n'est pas le cas. Même si George Clooney et Julia Roberts sont excellents, (on a certes grand plaisir à revoir la superbe Julia Roberts) et même si certaines scènes sont mémorables comme la présentation d'une émission bousisère à la manière d'un show télévisé, Money Monster, ou comme la fuite dans la rue avec police et spectateurs-voyeurs qui ne savent plus différencier réalité ou télé-réalité...
Le synopsis est simple, un jour, en pleine transmission en direct de Money Monster, Kyle (Jack O’Connell), un livreur, parvient à se faufiler dans le studio, prend en otage toute l’équipe de production et menace de tuer présentateur, Lee (George Clooney) et la réalisatrice Patty (Julia Roberts).
Ses exigences? Comprendre comment les actions de la compagnie Ibis, dont le patron est Walt Camby (Dominic West), ont pu plonger et faire perdre 800 millions de $ aux petits actionnaires. Pour Jack – qui a ainsi perdu les 60 000 $ que sa mère lui avait légués –, Lee est responsable parce qu’il avait enjoint aux spectateurs d’investir dans Ibis, dont les actions étaient plus sûres qu’un compte d’épargne.
Jodie Foster et les scénaristes cherchent à montrer le pouvoir des algorithmes automatiques qui permettent de réaliser des transactions boursières dématérialisées à très grande vitesse mais également de faire des malversations quand on les contrôle. Bien sûr c'est édifiant mais ne démontre pas grand chose et on reste sur sa faim même si le suspens est bien maintenu et que l'on apprécie l'évolution du présentateur Lee qui se rend compte que lui même a été floué, il faut chercher au delà de l'explication martelée par la société d'une défaillance des ordinateurs et d'un bug dans les algorhitmes. Pour obtenir cette vérité tout autant que le preneur d'otages, il sera aidé par sa réalisatrice qui orchestre avec maestria interview, images et rendez-vous...car la chaîne continue à diffuser en direct....
Tout pour être heureux de Cyril Gelblat avec Manu Payet, Audrey Lamy, Aure Atika, Joe Bel... Vu le 19 avril 2016
Un film attachant, une fable contemporaine sur les rapports dans le couple, sur l'égalité homme-femme quand l'homme sombre dans des projets incertains et aléatoires (producteur de jeunes chanteurs) et que la femme est indépendante et réussit professionnellement (magistrate). Elle traite du coup son mari comme un troisième enfant à charge car ils ont deux adorables filles de 5 et 9 ans et on comprend vite que le couple souffre du manque de communication. Antoine (Manu Payet) fuit alors cette vie de famille dont il se sent exclu et repoussé par son épouse. Suite à une aventure, il quitte sa femme Alice (Audrey Lamy) et ses enfants Raphaële et Léonor et vit d'expédients. Ses deux filles débarquent brusquement chez lui pour 20 jours, commence alors une délicate relation enfants-père, où Antoine est subitement confronté à une réalité totalement inconnue faite de responsabilités professionnelles, matérielles et paternelles jusque là totalement ignorées. Avec l'aide de sa soeur Judith qui a, elle, adopté un enfant ivoirien (Laure Atika excellente) il va s'en sortir et s'épanouir comme père. Parallèlement, mais est-ce un hasard, la chanteuse* qu'il produit connaît le succès. Pressé par sa soeur il cherche alors à reconquérir sa femme...mais n'est-il pas trop tard ?**
Le réalisateur, Cyril Gelblat oscille entre comédie et peinture des moeurs contemporains et finalement réussit à nous faire réfléchir sur ce qui rend heureux dans le couple, la compréhension mutuelle et l'équilibre difficile des responsabilités. Il est aidé par un bon Manu Payet et une convaincante Audrey Lamy sans oublier les deux filles, bluffantes de naturel...
Bref en période de vaches maigres c'est une petite pépite qui se laisse voir...
* Joe Bel chanteuse lyonnaise qui joue son propre rôle et a composé une partie de la musique, on peut aller voir le film rien que pour elle...
** Le film est librement adapté d'un roman de Xavier de Moulins Un coup à prendre...
La relation du sacerdoce d'un médecin de campagne qui soigne les corps mais aussi les têtes, assistant social et pilier de la vie locale mais assez imperméable aux changements qui bouleverseraient la vie des campagnards est assez prenante et vaut le déplacement. Confronté à un cancer ce médecin se fait imposer une remplaçante et a donc du mal à la supporter et à la faire s'intégrer. Le film tient beaucoup à la complicité qui se crée petit à petit entre les deux acteurs principaux, François Cluzet très convaincant et Marianne Denicourt dont on suit avec plaisir sa difficile adaptation, même si son jeu reste un peu trop uniforme. Beaucoup des patients sont joués par des non professionnels ce qui donne un côté réaliste aux scènes de consultation.
Mais le réalisateur Thomas Lilti, ancien médecin, nous sert une thèse beaucoup moins prenante celle de l'opposition campagne humaine et médecine de proximité contre ville déshumanisée avec sa médecine hospitalière. Cette vision est un peu trop appuyée à l'instar de ces images d'un Paris gris avec un ciel plombé auxquelles succèdent des vues de la campagne verte sous le ciel bleu... Dommage...
Bref on passe un bon moment même si on peut se demander si ce film peut inciter des vocations de médecins à venir combler le désert médical de nos campagnes...
Room de Lenny Abrahamson avec Brie Larson*, Jacob Tremblay... Vu le 15 mars 2016 en VO
Film d'exception qui s'appuie sur un roman dont les racines sont un évenement tragique survenu en Autriche. Une jeune femme (Joy) kidnappée est enfermée depuis 7 ans dans une chambre fermée avec son fils Jack qui fête son 5ème anniversaire, fruit de sa relation avec son kidappeur, le "méchant Nick". Toute la première partie qui nous fait assister à ce huis clos mère-fils dans la chambre est absolument étonnante de vérité car elle ne semble même pas jouée par des acteurs... Qu'est-ce que le monde extérieur pour un enfant de 5 ans qui ne le connaît qu'à travers la télévision et un petit coin de ciel au travers d'un velux ? Comment le préparer à affronter le monde réél ? Comment s'échapper ? On suit pas à pas et avec émotion les efforts de Joy.
La deuxième partie relate la scène d'évasion, une scène éblouissante et inoubliable d'un saut dans l'inconnu, magnifiquement filmée. La troisième partie est consacrée à la période de réadaptation et montre combien cette période peut-être longue et difficile pour se reconstruire, pour affronter le monde, la famille, les médias...
Les deux acteurs principaux (Brie Larson et Jacob Tremblay), sont vraiment extraordinaires et mention spéciale à la scénariste , Emma Donoghue, qui a choisi avec bonheur de raconter l'histoire vue par un enfant de 5 ans...
La qualité de l'interprétation, de la réalisation et du scénario créent un très beau film, très proche de nous et inoubliable...
* Brie Larson a reçu l'Oscar 2016 mérité de meilleure actrice pour son interprétation de Joy
Eperdument de Pierre Godeau avec Guillaume Gallienne, Adèle Exarchopoulos, Stéphanie Cleau... Vu le 8 mars 2016
Dans éperdument il y a "perdu"... Un homme perdu, une femme perdue dans un lieu clos, la prison et qui vont vivre un amour a priori impossible entre le directeur et une de ses détenues. Basé sur un fait divers*, l'histoire d'une détenue Anna (Adèle Exarchopoulos) une jeune femme sensuelle, instinctive, séductrice en perte de repères et aussi de père (d'où sa sensibilité à l'attention que lui porte un homme plus âgé...) qui a doute fait de mauvais choix, mais semble les assumer. Elle est déjà depuis 4 années en prison sans que l'on ne sache pourquoi dans le film.
En face Jean (Guillaume Gallienne) le commandant, qui semble vivre une vie sans nuages de fonctionnaire qui a réussi à monter dans la hiérarchie pénitentiaire, d'époux (sa femme Elise est très bien interprétée par Stéphanie Cleau) et de père de famille qui va basculer dans une relation intime avec sa prisonnière au point de lui faire oublier toute prudence et de se faire dénoncer...Bien sûr cette relation entre deux personnages issus de deux univers totalement différents et joués par deux bons acteurs eux même tellement différents est intéressante et bien filmée, même si certaines scènes sur la vie en prison sont convenues. Mais plus que la relation de cet homme qui se met en danger pour vivre un amour fou, ce qui m'a paru intéressant c'est ce que laisse sous entendre le réalisateur à savoir l'histoire d'une double manipulation, celle d'Anna qui pense ainsi pouvoir s'en sortir grace à Jean,(la scène de la lecture de Phèdre ou l'amour interdit, est à cet égard révélatrice) celle de Jean qui pense donner un peu de piment à sa vie carcérale, lui-même n'est-il pas en prison...d'ailleurs le dernier contre champ du film sur les deux visages ne lève pas l'ambiguïté entre l'histoire d'amour et la manipulation...
Le film est dans l'ensemble un peu décevant et trop sage, même si l'on est séduit par les acteurs et bien sûr par la plastique d'Adèle, mais se laisse voir sans ennui.
* Ce n'est qu'en regardant certaines critiques après la vision du film que j'ai compris que cette histoire est à relier au "Gang des barbares" et à l'histoire d'Ilam Halimi, (film sur le sujet "24 jours" vu en 2014). En effet l’auteur du livre (Défense d’aimer) (2012) qui sert de trame au scénario, Florent Gonçalves, s’était laissé séduire par l’une de ses détenues alors que, ancien maton, il dirigeait un établissement pénitencier pour femmes à Versailles. Sa protégée, surnommée par les autres "Madame la directrice" bien qu’anonyme aux yeux du monde, était en fait l’un des rouages de la tragédie antisémite qui ébranla les Français en 2006, puisqu’elle fût l’appât du « Gang des barbares » qui permit de séduire et d'entraîner Ilam Halimi qui fut ensuite torturé et exécuté parce qu’il était juif.
The Revenant de Alejandro Gonzales Inarritu avec Léonardo Di Caprio, Tom Hardy ...Vu le 29 février 2016
On ressort de ce long film (2h26) en ayant pris une bonne claque de brutalité et même de bestialité, une grande dose de violence à la puissance 10 !!!
Et pourtant le film a des atouts, les superbes paysages magnifiquement photographiés, la symphonie constante en blanc et rouge (la neige et le sang), la lutte pour survivre en milieu hostile, les ressources exceptionnelles de l'homme lorsqu'il est mû par des sentiments forts, ici la haine et le désir de vengeance, un jeu d'acteurs époustouflants, une caméra au plus près des acteurs scrutant les expressions... C'est sûr que l'odyssée dans la neige d'Hugh Glass, le trappeur attaqué par un ours, laissé pour mort et qui littéralement sort de sa tombe et rampe à la poursuite de Fitzgerald qui l'a abandonné au mépris de la parole donnée et qui de plus a tué son fils indien (les sauvages ne sont pas forcément ceux qu'on croit...) est passionnante. Mais c'est tout !!!
Léonardo Di Caprio est étonnant et nous fait vivre le chemin vers la rédemption d'Hugh Glass et mérite amplement son oscar, Tom Hardy est aussi remarquable de veulerie.
Bref, si l'on est pas une âme sensible, le film est quand même à voir pour cette plongée dans la rudesse des paysages du grand nord...
P.S. c'est le deuxième film d'Inarriru (après Birdman) que nous allons voir sans comprendre, au delà d'une technique cinématographique virtuose, pourquoi la critique encense tellement ce cinéaste ...
Les innocentes de Anne Fontaine avec Lou de Laâge, Agata Buzek, Agata Kulezla, Vincent Macaigne ...Vu le 16 février 2016
A partir d'une histoire vécue par une jeune médecin de la Croix Rouge française en Pologne en 1945, Madeleine Pauliac, (Mathilde Beaulieu dans le film), Anne Fontaine nous livre un film prenant et d'une terrible actualité sur les atrocités de la guerre dont le viol des femmes et les conséquences tant physiques que morales. Ici dans un couvent polonais où vivait une cinquantaine de bénédictines, une vingtaine a été tuée, les autres violées et certaines engrossées par des soldats russes. Ce couvent isolé est un huis clos qui selon la Mère supérieure, prisonnière des règles de l'ordre, va permettre de cacher l'ignominie quelque en soit les conséquences sur les parturientes et les enfants nés. Mais une jeune novice, bouleversée par les cris va chercher un médecin, (admirable scène à travers la forêt ennneigée), cette dernière très réticente va finalement la suivre et faire irruption dans le couvent et peu à peu découvrir la terrible réalité...S'en suit une confrontation entre deux mondes, celui du religieux, de la foi, du repect de la règle, de la vie en communauté et celui du monde athée et d'une jeune femme moderne vivant au milieu d'un monde masculin et des rapports charnels consentis. Avec une grande pudeur Anne Fontaine nous montre comment ces deux mondes finissent par s'apprivoiser pour mettre en oeuvre une solution où l'ouverture au monde l'emporte sur le repliement et l'enfermement.
Le film doit beaucoup à ses interprètes, Lou de Laâge trouve ici en Mathilde un rôle à la mesure de son talent, Agata Buzek a ce visage lumineux de la femme de contemplation et de foi saisie par le doute qui la fait s'opposer à Agata Kulezla en mère supérieure murée dans ces certitudes, Vincent Macaigne le médecin amoureux de Mathilde apporte par son jeu et ses réparties une note d'humour.
La photographie, le noir et blanc de la terre et de la neige correspondant au noir et blanc de l'ample habit dissimulateur des religieuses et au clair obscur du couvent symbole du désespoir mais aussi de l'espoir est remarquable, tout comme la mise en scène pleine de pudeur et de sensibilité sans donner dans l'émotionnel qui fait vivre de beaux portraits de femmes.
Bref un film qu'on vous conseille fortement.
Les saisons de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud ...Vu le 2 février 2016
Après "Le peuple migrateur" (2001) et "Océans" (2009) voici le nouvel opus de Jacques Perrrin et Jacques Cluzaud, c'est encore une fois une réussite ahurissante sur la vie d'environ 80 espèces d'animaux et d'insectes qui peuplent les forêts européennes. Une magie qui résulte du fait que les prouesses techniques s'estompent vite devant la beauté et la force des images, devant des acteurs (les animaux) qui savent distiller l'émotion, mais aussi le suspens des chasses-poursuites dignes des meilleurs films d'action...
Quelque belles surprises comme le regard du bison, l'hélicoptère de la forêt (le lucane cerf-volant), la beauté et l'agilité du lynx et je ne vous parle pas des faons, des renardeaux, des louveteaux, ni de toutes ces magnifiques espèces d'oiseaux dont les chants font de la forêt une véritable symphonie.
Bien sûr le film défend une thèse, (un tout petit peu trop présente à mon avis) celle du rapport qu'entretient l'homme avec les animaux depuis qu'il y a 80 000 ans l'hiver constant sur l'Europe a, du fait de l'inclinaison de quelques degrés de la terre par rapport au soleil, fait place au réchauffement, au cycle des saisons, à l'apparition de l'homme moderne et à la destruction progressive de l'habitat des animaux pour créer la campagne... "L'homme est un enfant capricieux qui croit que la Terre est sa chambre, les bêtes ses jouets, les arbres ses hochets". Cette réflexion de Sylvain Tesson (Dans les forêts de Sibérie, Gallimard, 2011) s'adapte à merveille à l'intention portée par Les Saisons (citation reprise du Blog du Monde de Anne Sophie Novel).
Mais comme pour "Demain" les auteurs ne veulent pas se contenter des seules images et proposent également un court livret d'accompagnement "Plaidoyer pour une nouvelle alliance" qu'on peut d'ailleurs consulter sur internet : http://issuu.com/actes_sud/docs/plaidoyerpourunenouvellealliance/25?e=0/31218676
ou un livre "Les 4 saisons" publié chez Actes Sud avec environ 400 photos.
Alors pas d'hésitations c'est un film superbe qu'on peut, ou plutôt, doit aller voir en famille et toutes générations confondues...
Carol de Todd Haynes avec Cate Blanchett, Rooney Mara...Vu le 26 janvier 2016
Un grand film porté par deux actrices au talent exceptionnel, Cate Blanchett et Rooney Mara * et un réalisateur Todd Haynes (que je ne connais pas) qui au travers d'un film d'un grand classicisme apparent distille la relation sulfureuse dans l'amérique puritaine des années 1950 de deux femmes que tout semble opposer mais qui se séduisent d'un seul regard.
Pour apprécier ce film, il faut, me semble-t'il, être attentifs aux détails comme la scène où Carol Aird (Cate Blanchett) grande bourgeoise rencontre Thérèse Belivet (Rooney Mara) vendeuse au rayon "poupées" d'un grand magasin en période de Noël et qui propose à Carol comme cadeau de Noël pour sa fille un train électrique à la place d'une poupée, un train qui pourrait permettre de s'évader mais qui tourne en rond prisonnier des rails des conventions sociales. Les voitures, autre symbole de fuite, qui éloignent (splendides photographies des visages de Carol et de Thérèse vus au travers des vitres où ruisselle la pluie comme symbole des larmes) ou qui les rapprochent et les conduisent au travers de la campagne jusqu'à la petite ville de Waterloo symbole d'un début de victoire (elles s'aiment) qui se transforme en défaite (elles sont surprises). L'atmosphère des années 1950 est me semble-t'il très bien rendue, la chasse au sorcières du Maccarthysme ne se limite pas aux communistes mais aussi à toutes les formes de déviances "morales".
Les commentateurs signalent que ce film est l'adaptation d'un roman de Patricia Highsmith (Le prix du sel), c'est réussi car le film se lit comme un roman avec les quelques longueurs qui font durer le suspense jusqu'à l'échange si évocateur de regards du final.
On recommande ce film qui ne laisse pas indifférent.
* Rooney Mara a reçu le prix d'interprétation féminine à Cannes en 2015. Le film a eu par ailleurs beaucoup d'autres distinctions.
Demain de Mélanie Laurent et Cyril Dion...Vu le 5 janvier 2016
L'année 2016, au moins sur le plan du cinéma, commence bien avec cette vision de "Demain".
La sortie du film de Mélanie Laurent et Cyril Dion "Demain" a coincidé avec la tenue de la COP21 à Paris et si les dirigeants de la planète ont signé un accord pour prévoir des réductions d'émissions de carbone quasi impossibles à atteindre dans les délais prévus...le film nous présente une suite d'expériences réalisées dans le monde dans 5 domaines : agriculture, énergie, habitat, économie, démocratie, éducation qui laissent voir qu'un autre futur est possible pour notre monde. Toutefois une interrogation majeure reste à la sortie de ce film, comment passer de petites expériences localisées certes très intéressantes et porteuses d'avenir car elles dessinent un futur où l'on peut se passer des énergies fossiles et qui vont à contre courant de la vision dominante d'une croissance exponentielle, à une généralisation en quelques années....Cela me rappelle la lecture du livre d'Ernst Shumacher "Small is beautiful" dans les années 1980 qui avait eu pour ma génération un fort retentissement et où déjà l'auteur souhaitait que les modes de production soient changés pour revenir à de plus petites exploitations locales...Or en 30 ans c'est plutôt le contraire qui s'est passé et je n'ai sans doute pas pris ma part dans un changement souhaitable... alors comment changer nos modes de vie pour mieux vivre ensemble, certains s'y attachent comme le montre le film mais cela semble être la petite goutte d'eau du colibri* face à un immense brasier...
Un film à voir absolument pour ne pas baisser les bras....
* Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu !"
Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part."
https://www.colibris-lemouvement.org/comprendre
Autre site internet : http://www.demain-lefilm.com/les-solutions